À qui profite le brut ?

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le pétrole coûte cher. Et même si l’éventualité d’une baisse des cours ne doit jamais être écartée, les records de l’année 2004 risquent de marquer durablement le secteur. À commencer par les compagnies pétrolières elles-mêmes, qui ont réalisé cette année des bénéfices historiques. Au mois d’octobre, le numéro un mondial, ExxonMobil, annonçait un bond de 56 % à 5,68 milliards de dollars de son résultat net au troisième trimestre 2004. Pour sa part, BP se contentait d’une progression de 42,7 % (3,94 milliards) et Total d’une hausse de 38 % de son résultat net (2,89 milliards). Rapportée à l’année entière, l’envolée du brut aura donc d’abord profité à ceux qui en vendent. Et donc à ceux qui en trouvent. Dans le sillage des majors, les parapétroliers sont eux aussi bien lotis. Ainsi, Total a déjà réinjecté une partie de ses bénéfices dans l’amont, et le montant global de ses investissements devrait atteindre 10 milliards de dollars cette année. Idem chez BP, où l’on annonce une enveloppe de 14 milliards de dollars pour 2004… et autant pour 2005 !
En consacrant une bonne part de leur pactole à l’exploration, les compagnies vont donc pouvoir privilégier les régions les plus prometteuses. Ainsi, lors d’une récente visite à Luanda, David O’Reilly, le président de Chevron Texaco, a annoncé que son groupe allait investir 11 milliards de dollars dans l’offshore angolais entre 2003 et 2008. En attendant que leurs nouveaux projets aboutissent, les opérateurs tentent simultanément de satisfaire la demande en optimisant l’exploitation des puits déjà existants : à ce jeu-là, les sociétés de services parapétroliers, comme Schlumberger ou Halliburton, jouent un rôle fondamental.

Mis à part les sociétés (para)pétrolières et les spéculateurs qui réalisent de véritables culbutes sur le marché à terme, les principaux bénéficiaires de l’envolée des cours restent les pays producteurs. Les recettes des onze pays membres de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) devraient atteindre 300 milliards de dollars. À l’échelle du continent africain, les recettes brutes sont estimées à 100 milliards de dollars cette année. Et même si les conditions d’exploitation en Afrique profitent davantage aux compagnies qu’aux États, les treize États pétroliers devraient en tirer de substantiels bénéfices. Ce sera notamment le cas pour les nouveaux pays producteurs comme la Guinée équatoriale ou le Tchad, qui devraient tous deux enregistrer des taux de croissance économique à deux chiffres : + 24 % à Malabo, et + 38 % à N’Djamena !
Face à ces grands gagnants du jackpot de l’or noir, une facture énergétique alourdie va peser de plus en plus lourd sur le budget des pays consommateurs, au risque de contrarier sévèrement leur croissance. Au sein même de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), tous ne sont pas logés à la même enseigne. Si le Tchad et la Guinée équatoriale engrangent les bénéfices, la Centrafrique, importateur net de carburants, trouve la note plutôt salée.

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