Le temps des cloportes
Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 1 minute.
Menahem Begin avait déjà traité les Arabes de « bêtes », le rabbin Yossef de « serpents », Rafael Eitan de « cafards drogués », Ehoud Barak de « crocodiles », Itzhak Shamir de « sauterelles », Oriana Fallaci de « rats », et voici que Yehiel Hazan, député du Likoud, le parti du Premier ministre Ariel Sharon, les qualifie de « vers de terre ». C’était le 13 décembre, au Parlement de Jérusalem. Et ce héros des colons juifs de Cisjordanie et de Gaza, à peine plus extrémiste que nombre de ses collègues, de préciser sa métaphore d’entomologiste : « Partout où ils se trouvent, ce sont des vers, aussi bien sous terre qu’au-dessus. Ces vers n’ont cessé de s’attaquer aux juifs depuis un siècle, alors que nous leur tendons la main. »
Ces divagations racistes, sur lesquelles Yehiel Hazan a refusé de revenir comme l’y incitait poliment le président de séance, appellent deux commentaires.
1. Le registre du bestiaire, auquel certains Israéliens et/ou arabophobes pathologiques ont si aisément recours dans leurs vaticinations, est exactement le même que celui qu’utilisèrent les nazis pour diaboliser et inférioriser ceux contre qui ils avaient décrété la « solution finale » : les juifs. N’y manque que la caractérisation physique, contenue, il est vrai, dans la métaphore elle-même.
2. Si un député arabe ou musulman, européen ou africain, américain ou asiatique, chrétien ou bouddhiste, avait dit sur les juifs ce qu’a dit et confirmé Yehiel Hazan sur les Arabes, que se serait-il passé ? Au minimum une campagne médiatique, justifiée, pour le contraindre à démissionner, et une action en justice, elle aussi justifiée, pour propos antisémites et criminogènes. Yehiel Hazan, le puissant chef de file à la Knesset du Conseil des colonies, dont les éructations n’ont suscité, en Israël et à travers le monde, qu’une réprobation distraite, est toujours assis sur son banc, sans que nul ne s’en émeuve. Quant aux vers de terre qui grouillent autour de lui, ils se contenteront de peupler ses pires cauchemars…
