Les bons offices du rabbin Sitruk

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Joseph Sitruk, le grand rabbin de France, a effectué un déplacement très politique de deux jours en Tunisie, les 8 et 9 décembre. Convié à un colloque sur les religions monothéistes et le dialogue des cultures, organisé à Tunis et auquel participaient des représentants des trois religions du Livre, le chef du culte juif de France, lui-même natif de Tunisie, a rendu hommage « à l’esprit de tolérance » des Tunisiens et salué le « caractère exemplaire » de la cohabitation entre juifs et musulmans dans ce pays.
Mais c’est surtout l’audience que lui a accordée le président Zine el-Abidine Ben Ali qui a retenu l’attention des observateurs. Les deux hommes, qui se connaissent et s’estiment – ils se sont déjà rencontrés en 1992, à l’occasion d’une précédente visite du rabbin -, ont longuement discuté du processus de paix israélo-palestinien et du rôle que pouvait jouer la Tunisie pour aider au dégel des relations israélo-arabes. « J’ai plaidé pour la réouverture du bureau d’affaires israélien de Tunis, explique le rabbin Sitruk. Ce serait, venant du président en exercice de la Ligue arabe, un signal à la fois positif et bienvenu dans le contexte actuel de décrispation au Proche-Orient. J’ai aussi suggéré au président Ben Ali de faire un geste fort, par exemple en recevant ou en rencontrant Sylvan Shalom, le ministre israélien des Affaires étrangères, qui est originaire de Tunisie. Il m’a écouté et s’est montré réceptif. »

Le grand rabbin Sitruk, qui nous a précisé qu’il n’était pas venu en qualité d’émissaire et qu’il n’avait consulté personne en Israël avant d’accomplir sa démarche, a en revanche informé l’ambassadeur de l’État hébreu à Paris, à son retour, du contenu de ses discussions avec le dirigeant tunisien. Il est sans doute trop tôt pour anticiper une hypothétique reprise du dialogue entre Tunis et Tel-Aviv. Mais l’enseignement de cette visite est que, côté tunisien, la porte n’est pas fermée. Sur instruction du président Ben Ali, les Israéliens viennent d’être autorisés à voyager librement en Tunisie. Ils pourront désormais entrer et sortir comme les citoyens de n’importe quel autre pays, alors qu’ils étaient jusqu’à présent obligés de laisser leur passeport aux policiers au passage de la frontière et ne pouvaient le récupérer qu’à leur sortie du territoire. Cette mesure discriminatoire vient d’être levée. Autre motif de satisfaction pour le rabbin : un terrain d’entente a été trouvé avec la municipalité de Tunis à propos de la question de l’entretien des cimetières juifs. Joseph Sitruk n’a pas perdu son temps dans la capitale tunisienne !

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