Le ministre, la maîtresse et la nounou

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Tony Blair a l’habitude. Depuis son arrivée au pouvoir en 1997, plusieurs de ses ministres ont été contraints de démissionner : Peter Mandelson pour une affaire de passeports, Ron Davies à la suite d’une altercation dans un lieu de rencontres homosexuelles, Beverley Hughes après un scandale concernant l’immigration clandestine, Robin Cook et Clare Short parce qu’ils désapprouvaient la guerre en Irak. Dernier en date, le Home Secretary (ministre de l’Intérieur) David Blunkett a annoncé sa démission le 15 décembre. Aveugle de naissance, cet « homme d’acier » qui a bâti son destin politique par la force de sa volonté à Sheffield Brightside (sud du Yorkshire) – berceau de l’industrie sidérurgique dévasté par le chômage – doit sa chute à… une passion amoureuse.
Tenant du « tout-sécuritaire », inflexible face aux demandeurs d’asile, « danger pour les libertés publiques » selon certains, l’homme s’est entiché, en 2001, d’une jolie brune nommée Kimberly Quinn. La quarantaine, américaine, directrice de publication de l’hebdomadaire ultraconservateur Spectator, cette dernière est mariée en secondes noces au puissant directeur du magazine Vogue. David Blunkett n’en a cure, il l’invite chez lui, part avec elle en vacances et n’hésite pas à s’afficher en public.

Pendant les trois ans que dure leur relation, Kimberly donne naissance à un enfant, William. En août 2004, le couple se sépare. Le ministre revendique la paternité de William… et du bébé que porte alors Kimberly. Il engage une procédure pour effectuer un test ADN. Kimberly Quinn nie ; l’histoire fait bien entendu les choux gras des tabloïds. Jusque-là, rien de grave. Mais le Sunday Telegraph révèle bientôt que l’intransigeant premier flic d’Angleterre aurait fait accélérer l’obtention du permis de séjour de Leoncia Casalme, la nounou philippine de William. Son passeport a été tamponné en dix-neuf jours alors que la procédure prend d’habitude plusieurs mois. Blunkett met cette célérité sur le compte du « système » et de fonctionnaires zélés. Mais il ne peut nier qu’il a aussi acheté un billet de train – 185 euros sur fonds publics, aussitôt remboursés pour sa belle alors qu’elle n’était pas son « épouse légitime »… En outre, Blunkett a aggravé son cas en multipliant les petites phrases assassines contre ses collègues des Affaires étrangères (Jack Straw), de l’Économie (Gordon Brown) ou de l’Éducation (Charles Clarke). Ironie du sort, c’est ce dernier qui le remplace à l’Intérieur. Avec la chute de cet homme populaire et strict, Tony Blair vient de perdre une pièce maîtresse de son dispositif pour battre les conservateurs sur leur propre terrain en 2005.

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