Élections irakiennes : quitte ou double

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

L’Irak ne connaît encore ni la stabilité ni la sécurité. Mais si Moussab al-Zarqaoui s’intéresse un peu à l’opinion publique, il constatera que l’insurrection bénéficie de moins en moins du soutien populaire. Elle va évidemment essayer de saboter les élections du 30 janvier prochain. Et le grand problème reste la participation sunnite. Mais en supposant qu’il y ait un vote chiite et kurde important, si 30 % des sunnites vont aux urnes – ce qui est très possible -, ce sera assez pour donner au nouveau gouvernement une vraie légitimité. Et il sera alors plus facile de faire échec à l’insurrection.

Je n’ai jamais pensé que le chaos qui règne en Irak depuis dix-huit mois était inévitable ou que le pays est condamné à la guerre civile. Beaucoup des problèmes qui se posent aujourd’hui sont la conséquence d’une mauvaise politique américaine. Mais depuis qu’on a redressé le cap, la situation s’améliore.
Il y a six mois, l’Amérique courait au désastre, et le grand ayatollah Ali Sistani menaçait de prendre la tête d’une opposition chiite agissante. La responsabilité de la politique irakienne a alors été retirée au Pentagone et reprise en main, à la Maison Blanche, par Condoleezza Rice et son adjoint, Robert Blackwill. Et l’on a commencé à faire machine arrière. Washington a demandé aux Nations unies d’intervenir et d’organiser une transition qui mettrait fin aux activités du Conseil de gouvernement nommé par les États-Unis et unanimement détesté.
Le nouveau gouvernement provisoire constitué en juin par l’ONU a reçu la bénédiction de Sistani. On a coupé court à la débaasification. On a mieux évalué les conséquences politiques des opérations militaires, à commencer par le nettoyage de Nadjaf, mené de main de maître. Tout en prétendant qu’elle n’avait pas besoin de davantage de soldats, l’administration a commencé peu à peu à acheminer des renforts, tant et si bien qu’en janvier 2005, il y aura 30 % de troupes américaines de plus qu’un an auparavant.

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L’Amérique a payé un prix terrible pour cette guerre – en Irak et dans le reste du monde. Elle aurait certainement pu s’en tirer à moindres frais. Et je peux me tromper sur l’Irak, en ce sens que rien n’est acquis. Une guerre civile, une recrudescence de l’antiaméricanisme et du terrorisme, tout est encore possible. Mais là où je suis sûr de ne pas me tromper, c’est quand j’estime qu’un Irak pluraliste et « présentable » changerait profondément la donne dans le monde arabe. Déjà, la préparation des élections de janvier suscite des débats et des discussions chez ses voisins. Il ne faut pas oublier que ce sont les premières véritables élections nationales qui ont lieu dans la région. Lorsque 300 millions de Moyen-Orientaux verront les Irakiens se rendre aux urnes, ils se poseront sûrement la question : « Pourquoi pas nous ? »

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