Jules Verne le philosophe

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Les commémorations qui rythment désormais la vie de l’édition sont souvent l’occasion de délivrer des hommages convenus à des écrivains dont le temps a magnifié l’image. Il en va autrement pour la célébration du centième anniversaire de la mort, le 24 mars 1905, de Jules Verne. Dans les manuels consacrés à la littérature française du XIXe siècle, son nom apparaît à peine. Pour beaucoup, il n’est qu’un auteur de livres pour la jeunesse. Ce qui, d’ailleurs, est déjà important. Au moins cinq générations d’enfants ont rêvé et pris le goût de lire avec Voyage au centre de la Terre (publié en 1864), De la Terre à la Lune (1865), Vingt Mille Lieues sous les mers (1869), Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1873), L’Île mystérieuse (1874) ou encore Michel Strogoff (1885).
La quarantaine de livres récemment parus ou à paraître d’ici à mars 2005 permettront de
découvrir les multiples facettes d’un écrivain prolifique, auteur d’une soixantaine de romans. La plupart sont des rééditions de textes de Verne lui-même, à l’instar des titres de la collection « Mondes connus et inconnus » que lance Actes Sud. Celle-ci propose des ouvrages plus ou moins oubliés comme Le Chancellor, Le Sphynx des glaces et Mirifiques
aventures de Maître Antifer. Plusieurs études, parallèlement, sont consacrées à l’écrivain. On citera Jules Verne: un univers fabuleux (Favre) d’Éric Weissenberg, Les
Soixante Voyages extraordinaires de Jules Verne (Ouest-France) de Samuel Sadaune, L’Univers de Jules Verne (Mengès) d’Olivier et Patrick Poivre d’Arvor. Quant à Jean-Paul Dekiss, le grand spécialiste de la question, il sort coup sur coup Les Mondes de Jules Verne : de la science à l’imaginaire (Larousse) et Jules Verne, le poète de la science (Timée éditions).
Tous soulignent la limpidité du style de cet auteur. C’est pour cela que les petits l’adorent. Père de la science-fiction française, Jules Verne s’est révélé aussi un visionnaire de talent. Dans De la Terre à la Lune, pour ne prendre que cet exemple, n’a-t-il pas situé la rampe de lancement de la fusée près de Cap Canaveral, dont on connaît le brillant destin ?
Mais, au-delà de ces vérités établies, c’est la réflexion de Jules Verne sur la société industrielle qui est aujourd’hui mise en exergue. On a retenu ses anticipations scientifiques, oubliant de saluer sa capacité à « penser à la fois l’avènement de la démocratie et l’horreur du monde en devenir » (Jean-Paul Dekiss). La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais le capitaine Nemo, naufrageur semant la terreur, n’est pas sans évoquer Ben Laden.
Bref, le temps semble venu de réintégrer Jules Verne dans la « grande littérature ».

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