Istanbul sur le vif

Par le texte et par le dessin, portrait conjugué de la mégapole turque et de ses habitants.

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Une grand reporter franco-suisse qui connaît son sujet sur le bout des doigts et un dessinateur talentueux qui joue les Candides : voilà un bel alliage pour un carnet de route à quatre mains destiné à faire connaître Istanbul, et surtout à comprendre l’essence de cette ville aussi enchanteresse que changeante.
Merlin, l’illustrateur, en gardait un lointain souvenir estival. Ariane Bonzon, réalisatrice de documentaires pour Arte et la Télévision Suisse-Romande, installée en Turquie depuis plusieurs années, lui a conseillé de venir en hiver pour découvrir une cité moins orientale que « balkanique et irréelle », « grise et pluvieuse un jour, comme ses voisines d’Europe de l’Est, sous la neige le lendemain, coupée du monde, blanche et éthérée ».
Le résultat ? Une promenade intime sur les deux rives du Bosphore, qui s’adresse aussi bien à leurs familiers qu’aux nouveaux visiteurs. Les premiers auront le sentiment de partager avec les auteurs leur attachement pour l’Istanbul animé du Grand Bazar, pour celui, plus languide, de la rive asiatique ou pour celui, nostalgique et un brin suranné, du Pera Palace ou du cimetière d’Eyüp, haut lieu de l’oeuvre de Pierre Loti. Les seconds y trouveront un guide précieux pour leurs pérégrinations futures.
L’ouvrage se présente sous forme de patchwork, où dessins et textes chevauchent affiches publicitaires, timbres, cartes postales anciennes et notes manuscrites. Clins d’oeil à un passé ottoman encore très prégnant et à une actualité trépidante…
À l’image de son complice dessinateur, qui travaille in situ, Ariane Bonzon croque sur le vif le portrait d’une vingtaine de Stambouliotes. Certains sont connus, d’autres anonymes. Les uns sont installés depuis toujours dans la ville et nous font entrer dans leur échoppe ou dans leur yali (demeure de bois traditionnelle). Les autres, fraîchement débarqués du Sud-Est anatolien, trimballent du bois ou ramassent papiers et cartons avant de les trier pour les livrer à l’usine de recyclage. Du pilote de tanker au confiseur, du juif au chiite alévi, de l’arménien à l’orthodoxe grec, des jeunes branchés à la femme voilée du quartier de Fatih, tous livrent avec naturel, en même temps que leur tranche de vie, un peu de leurs espoirs. L’authenticité de leur parole fait écho à celle de la ville. Istanbul est beau, aussi, parce que ses habitants l’aiment et le respectent.

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