Angela Davis

Militante de la cause africaine-américaine.

Publié le 19 décembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Dans les années 1970, Angela Davis dérangeait l’Amérique bien-pensante pour trois bonnes raisons : elle était femme, noire et communiste. Aujourd’hui, celle que son militantisme en faveur des droits civiques des Africains-Américains rendit célèbre est professeur d’« histoire des consciences » à l’Université de Californie. Au coeur de l’institution dont elle avait été exclue pour ses opinions et alors que le gouverneur de l’époque, un certain Ronald Reagan, avait juré qu’elle n’y remettrait jamais les pieds.
À 60 ans, Angela n’a rien perdu de sa fougue et continue de lutter pour les droits de l’homme. C’est à ce titre qu’elle est venue en France, en octobre 2003, recevoir des mains du maire de Paris, Bertrand Delanoë, la médaille et le diplôme de citoyen d’honneur de la capitale décernés au journaliste Mumia Abu-Jamal, condamné à mort et emprisonné depuis plus de vingt ans en Pennsylvanie pour un crime qu’il n’a pas commis. « L’agression contre le peuple irakien et les attaques racistes à l’encontre des émigrants ne font que ronger davantage les vestiges de la démocratie américaine », a-t-elle alors lancé.
Si elle a troqué sa fameuse coiffure « afro » contre de longues boucles, sa voix est toujours aussi chaude et sa carrure athlétique, héritage des années où elle soulevait les foules et menait les manifestations. L’engagement d’Angela Davis remonte à son adolescence à Birmingham (Alabama), bastion du racisme du Sud américain. Dès l’école primaire, elle apprend l’histoire des grandes figures de la communauté noire. Au lycée, elle s’enthousiasme pour le pasteur Martin Luther King, dont les discours contre la ségrégation raciale font naître chez elle un idéal de justice et d’égalité encore bien éloigné de la réalité de l’époque. À New York, où elle poursuit ses études, Angela découvre la doctrine socialiste en lisant le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels. Elle adhère à un groupe marxiste-léniniste, Advance, et, en 1962, connaît ses premiers ennuis avec le FBI, qui l’interroge longuement sur sa présence à un « festival communiste » à Helsinki.

L’année suivante, à Biarritz (dans le sud-ouest de la France), où elle est venue se perfectionner en français – qu’elle souhaite enseigner -, elle apprend avec colère que quatre de ses amies d’enfance sont mortes dans un attentat commis contre une église baptiste de Birmingham.
Après un passage à la Sorbonne, Angela part à Francfort, en Allemagne, étudier la philosophie, puis rentre aux États-Unis en 1967 pour travailler sous la direction du philosophe marxiste Herbert Marcuse à l’Université de Californie. Elle milite alors dans plusieurs organisations, dont le Che-Lumumba Club. En juillet 1968, elle adhère au Parti communiste américain et au mouvement des Black Panthers. L’année suivante, elle se rend à Cuba. Son activisme indispose l’administration universitaire et, à l’issue d’une campagne de presse savamment orchestrée, elle est révoquée de son poste d’assistante.

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Angela porte l’affaire devant les tribunaux, gagne et doit être réintégrée, auréolée du prestige de la victoire. À 25 ans, elle est déjà une personnalité qui compte. C’est à cette époque qu’elle s’intéresse à l’affaire des « frères de Soledad », trois Noirs accusés du meurtre d’un gardien de prison. Au sein du Che-Lumumba Club, Angela crée un comité de défense. Le 7 août 1970, l’un de leurs frères cadets, Jonathan Jackson, fait irruption, l’arme au poing, dans la salle d’audience du tribunal. Il prend des otages pour faire évader les prisonniers. Une fusillade s’ensuit, qui fera quatre morts, dont le jeune homme et le juge. L’enquête révèle que l’une des armes utilisées appartient à Angela Davis. Doutant de l’impartialité de la justice, celle-ci décide de fuir. Elle sera, pendant deux mois, sur la liste des personnes les plus activement recherchées par le FBI. Sa cavale s’achève le 13 octobre. Son procès aura lieu deux ans plus tard. Entretemps, le slogan « Libérez Angela Davis » aura fait le tour de la planète, mobilisant les militants de toutes sensibilités. Le 4 juin 1972, la Pasionaria est innocentée.
Angela Davis n’a jamais oublié cette époque ni renoncé à ses convictions, même si elle les exprime plus pacifiquement. Aujourd’hui, elle milite pour l’abolition de la peine de mort et a publié plusieurs ouvrages dénonçant le racisme du système judiciaire américain.

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