Une vie de Zoulou blanc
Ancien symbole de la lutte antiapartheid, Johnny Clegg revient avec un album qui mêle pop, rythmes noirs et latino-américains.
Johnny Clegg est plus vivant que jamais et il le chante sur son nouvel album, One Life, sorti en octobre. Un opus aux rythmes métis, africains mais aussi latino-américains, que le chanteur sud-africain a défendu l’été dernier lors d’une longue tournée européenne. Détendu, blagueur et émaillant ses phrases de mots français, il explique que « c’est un album personnel, politique et social mais aussi avec des chansons drôles ».
Ce qui ne l’empêche pas de dénoncer la situation des enfants-soldats (« Boy Soldier »), la manipulation de la population par le pouvoir, en prenant l’exemple du Zimbabwe (« The Revolution Eats Its Children ») ou encore, d’évoquer sa sur, morte d’un cancer à 27 ans (« Touch the Sun »). Dans la chanson d’amour « Thamela », il chante pour la première fois en afrikaans. « Les Afrikaners étaient les leaders de l’apartheid mais cette époque est révolue, nous vivons au sein d’une nouvelle Afrique du Sud et je veux inclure tout le monde. L’afrikaans n’est plus le symbole de la division », assure-t-il.
D’abord professeur d’anthropologie, Johnny Clegg, surnommé « le zoulou blanc », est devenu dans les années 1980 l’un des pionniers de la world music et l’un des symboles du combat contre l’apartheid. Avec ses groupes, Juluka puis Savuka, composés de Noirs, il chantait en anglais et en zoulou alors que le mélange des langues et des couleurs était interdit
Ses tubes, « Scatterlings of Africa » et « Asimbonanga » (écrit pour Mandela), ont fait le tour du monde. Aujourd’hui, il dit qu’être sud-africain, « c’est une attitude. Nous possédons plusieurs identités. Nous sommes en paix les uns avec les autres en acceptant nos bons et nos mauvais côtés. Il nous faut être capables de communiquer au-delà des 11 langues officielles et des ethnies ! »
Philosophe et optimiste, il observe dans son pays l’émergence d’une nouvelle génération qui le fascine et le déroute à la fois. « Ils avaient 5 ans en 1999 et 10 ans lors des premières élections démocratiques. Ils sont aujourd’hui complètement libres mentalement. Ils ne se sous-estiment pas parce qu’ils sont Noirs, regardent vers l’avenir et ne veulent pas entendre parler de l’apartheid, ce qui est choquant pour des gens de ma génération. Ça m’ennuie un peu mais c’est comme ça ! »
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