Une affaire florissante

Publié le 19 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

« Visa pour les USA ». Impossible de ne pas voir l’inscription, étalée sur la bâche d’une immense tente blanche et bleue, dans le centre-ville de Niamey. À l’intérieur : des chaises en plastique rouge. Bleu-blanc-rouge : les couleurs du drapeau américain ! Créée il y a cinq ans à Lomé par un homme d’affaires togolais, la société Loto Visa USA, également présente dans les capitales du Bénin, du Sénégal et du Mali, aide les Africains à s’inscrire à la loterie. À Niamey, de l’avis de l’un des cinq salariés présents sous la tente, l’affluence est moindre que dans les autres pays. Pourtant, ce matin-là, au moins une quinzaine de personnes attendent leur tour. Elles devront débourser 3 000 F CFA pour une inscription gratuite sur Internet. Arnaque ? « Je préfère être aidé par quelqu’un, j’ai l’impression que ça va multiplier mes chances », explique un jeune père de famille. Du côté des salariés de Loto Visa USA, on indique que c’est le prix à payer pour leurs conseils : « Nous veillons à ce qu’ils remplissent toutes les conditions pour pouvoir s’inscrire, nous les aidons pour que leurs photos soient au bon format. Et puis il y a certaines personnes qui n’osent pas se servir d’Internet. » Les hommes viennent plutôt en famille, avec leurs enfants. Les femmes, elles, se déplacent entre surs ou entre copines. Comme Aïssata, formatrice-restauratrice de 33 ans, venue s’inscrire avec Adama et Mariama. Les amies sont motivées : « Aux États-Unis, contrairement au Niger, il y a du travail ! » lancent-elles en chur. Le rêve américain, vu du Niger, c’est avant tout de pouvoir travailler. « Je ne parle pas anglais, je ne connais pas l’Amérique ni les Américains, mais peu m’importe. Ce que je veux, c’est gagner ma vie dignement, déclare Ousmane, 27 ans. J’ai arrêté l’école après le bac et je suis mécanicien. Je travaille toute la journée et même le week-end pour un salaire de misère. Là-bas, mes qualités seront mieux reconnues. » La plupart des candidats à l’exil ont moins de 40 ans et, pour beaucoup, moins de 30 ans. Ils ont généralement fait des études. On voit défiler un jeune informaticien, une assistante sociale, une responsable commerciale… Tous sont au chômage. Les femmes n’ont pas l’air effarouché à l’idée de quitter le pays natal. « C’est un peu mal vu dans nos familles qu’une fille parte seule dans un pays étranger, mais je suis dans le marketing et c’est très difficile de trouver du travail ici. Mes parents ont compris que je pouvais avoir une vraie carrière aux États-Unis », plaide Maïmouna, 26 ans. Tous les candidats évoquent à la fois le goût de l’aventure et le besoin d’une vie meilleure. Ironie du sort : la tente est plantée… place de la Liberté.

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