Spécialités locales

Du rock à la littérature en passant par le grand écran, les artistes finlandais ont développé une forte identité culturelle.

Publié le 19 novembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Musique Les monstres du rock
Oublié, le compositeur Jean Sibelius (1865-1957) et ses sept symphonies ? Non, mais aujourd’hui, c’est plutôt le groupe de « hard rock mélodique » Lordi qui sert d’ambassadeur musical de la Finlande à travers le monde. Souvenez-vous, c’était en mai 2006. À la surprise générale, cinq monstres hideux remportaient le concours de l’Eurovision avec la chanson « hard Rock Hallelujah ». Outrés, les commentateurs français de l’événement, Michel Drucker et Claudy Siar, se laissaient alors aller à des commentaires ironiques, du genre : « Je n’imaginais pas les Lapons comme ça. Ils seront au zoo de Vincennes à la rentrée. » La polémique avait commencé quelques mois plus tôt, des hommes politiques conservateurs ayant demandé à la présidente Tarja Halonen d’empêcher le groupe de représenter le pays ! Elle allait se poursuivre avec les sermons de l’Église orthodoxe grecque. Pourtant, les cinq musiciens, qui s’inspirent des groupes Black Sabbath et Iron Maiden, et de l’iconographie des films d’horreur, n’ont rien de satanique. Le guitariste Jussi Sydänmaa se déguise – 3 heures 30 de boulot ! – en « Amen la Momie invincible » et la pianiste Lenna Peisa en « Awa la Comtesse vampire » Tomi Putaansuu, alias Lordi, pousse la chansonnette grimé en Nosferatu au cours de shows pyrotechniques enlevés. Et alors ? Pas de quoi surprendre un Finlandais, habitué qu’il est aux frasques des Leningrad Cowboys comme aux ritournelles metal de Nightwish !

Cinéma Les frères Kaurismäki
Oublié, le cinéma muet ? Et non ! Il fallait être finlandais pour oser tourner un film en noir et blanc sans parole à la fin du XXe siècle. Producteur, acteur, réalisateur né à Orimatilla en avril 1957, Aki Kaurismäki l’a fait avec Juha en 1997. Le plus connu des cinéastes du Suomi, juste devant son frère aîné, Mika Kaurismäki, est un cinéphile impénitent, fasciné par la Nouvelle Vague. Sans avoir été formé à la réalisation, il a d’abord été facteur, plongeur dans un restaurant, travailleur du bâtiment, critique de cinéma avant d’écrire le scénario du premier film de son frère dans lequel il tenait aussi le rôle principal ! En tant que réalisateur, il s’est fait connaître à l’étranger avec des longs-métrages déjantés et désopilants tournés en collaboration avec le groupe de rock parodique des Leningrad Cowboys (Leningrad Cowboys Go America, Leningrad Cowboys Meet Moses). Bourré d’humour et pince-sans-rire, Aki Kaurismäki n’en est pas moins très pessimiste. Ses films ont toujours une dimension sociale forte et son regard s’attarde avec justesse sur la vie des « petites gens ». Chômage, alcool, tragédies du quotidien sont au cur de ses préoccupations. Au loin s’en vont les nuages, par exemple, traite du chômage. Quant à L’Homme sans passé, il s’attache aux errances d’un amnésique dans la banlieue d’Helsinki. Un film dense et profond qui a obtenu en 2002, au Festival de Cannes, le Grand Prix du jury et le Prix d’interprétation féminine. Le nouveau film d’Aki Kaurismäki, Les Lumières du faubourg, est sorti en France en octobre 2006.

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Littérature Le Voltaire écolo
Oublié, Mika Waltari (1908-1979) et les aventures de Sinouhé l’Égyptien ? Certes non, mais aujourd’hui le plus célèbre écrivain de Finlande s’appelle Arto Paasilinna. Son histoire est originale : né dans un camion en avril 1942, en Laponie, alors que ses parents fuient les Allemands, Arto doit son nom à son père, qui l’a inventé après s’être disputé avec son propre géniteur Paasilinna signifie « forteresse de pierre » en finnois. Avant de devenir un romancier prolifique auteur de plus d’une trentaine de livres, Arto Paasilinna a travaillé comme bûcheron, ouvrier agricole, flotteur de bois sur rivière C’est dire si la nature, il connaît ! La toundra, les forêts, les lacs, les rennes et les lièvres sont toujours des personnages essentiels de ses fables pétries de bonne humeur et sévères envers la vie dans les villes. Inventeur du burlesque écolo, traduit en plus de vingt langues, le jovial Paasilinna est capable de féroces critiques sociales. Sans pitié pour le matérialisme moderne, c’est son roman Le Lièvre de Vatanen qui l’a rendu célèbre en France et à travers le monde. Depuis, les titres de ses livres sont reconnaissables entre mille : Le Meunier hurlant, La Cavale du géomètre, Petits Suicides entre amis, La Douce Empoisonneuse Il n’en existe qu’une dizaine traduits en français. C’est dommage : les ouvrages de Paasilinna pourraient être prescrits comme remède à bien des déprimes !

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