Numéro un oblige

Avec 700 millions de clients, Nokia détient 34 % du marché mondial, loin devant ses concurrents.

Publié le 19 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

L’ingénieur finlandais Fredrik Idestam (1838-1916) a sans doute eu une vie passionnante, mais une chose est sûre : au cours des soixante-dix-huit années qu’il a passées sur terre, jamais il n’a reçu de SMS sur son téléphone mobile. Et pour cause : à l’époque où il crée son usine de pâte à papier sur les berges de la rivière Emäkoski, vers 1865, les portables n’existent pas. Mais à l’époque, ne pas posséder un tel moyen de communication n’empêche pas le succès. Idestam va produire du papier pour la Russie, le Royaume-Uni et la France, puis de l’électricité. En 1871, l’entreprise installée près de Tampere adopte pour logo un poisson et pour nom celui d’un manoir tout proche : Nokia.
Il serait injuste de réserver à Fredrik Idestam la paternité du leader mondial de la téléphonie mobile. Nokia est en effet née de la proximité, puis de la fusion (en 1966) avec deux autres entreprises : la Finnish Rubber Works Ltd. (1898) et la Finnish Cable Works (1912) qui fabriquaient respectivement des bottes en caoutchouc et des câbles électriques. En 1933, Nokia produit son premier pneu d’hiver ; en 1945, elle exporte des matériaux électriques pour la reconstruction de l’Union soviétique ; et, en 1973, elle lance sa botte la plus populaire, la Kontio ! Pourtant, à la fin des années 1970, l’entreprise se tourne vers l’électronique avec l’ordinateur Mikro Mikko 3 et le premier téléphone mobile le Mobira Cityman – installé à bord des voitures. En 1987, Nokia devient le troisième producteur de téléviseurs d’Europe. Deux ans plus tard, changement de cap : Nokia vend son premier réseau GSM à la compagnie finlandaise Radiolinja. En 1992, le premier mobile GSM, le modèle 1011, apparaît et l’entreprise adopte un slogan riche d’avenir : « Connecting people ». C’en est fini du caoutchouc et des câbles. Le PDG Jorma Ollila décide d’abandonner toutes les autres activités pour se concentrer sur les télécommunications. Le téléphone mobile 2100 se vend à 20 millions d’exemplaires, et Nokia devient leader mondial en 1998. Les modèles se suivent, se ressemblent et deviennent plus performants. Le 7110 permet de se connecter à Internet, le 9210 possède un écran couleur, le 7650 est doté d’un appareil photo
Aujourd’hui, alors que le patron historique Jorma Ollila vient de céder sa place après quinze ans de règne, Nokia demeure le principal moteur de l’économie finlandaise. Le constructeur, dont le siège est situé dans la banlieue d’Helsinki, représente près de 4 % du PNB, 20 % des exportations, la moitié du budget privé de recherche et développement. Nokia n’emploie pas moins de 23 000 salariés en Finlande (sur un total de 59 000). En 2005, ses ventes s’élevaient à 34,2 milliards d’euros, la compagnie s’arrogeant près de 34 % du marché mondial, loin devant l’américain Motorola et le sud-coréen Samsung. À la fin du deuxième trimestre de 2006, la compagnie annonçait des ventes nettes pour une valeur de 9,8 milliards d’euros. Fredrik Idestam vivait sans portable, aujourd’hui 700 millions de personnes à travers le monde se baladent avec un Nokia scotché à l’oreille. En 2008, 3 milliards de personnes devraient être abonnées à un service de téléphonie mobile. C’est là que réside le futur défi de Nokia : satisfaire la demande haut de gamme des pays riches tout en proposant des appareils abordables aux pays du Sud. La stratégie de Nokia est construite sur les économies d’échelle. Ce n’est donc pas un hasard si l’entreprise vient d’ouvrir des usines en Inde et en Chine, énormes marchés de plus de 2 milliards d’habitants.

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