Meueueueuh

Publié le 19 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Il y aura des élections aux Pays-Bas le 22 novembre. Les élections ici se font par scrutin de liste, c’est-à-dire qu’on vote pour des listes de noms et que les premiers sur celles-ci – les dix premiers, les vingt premiers, enfin tout dépend du nombre de voix qu’on a obtenues – les premiers, donc, entrent au Parlement. Peu importe qu’on ait une sale gueule, qu’on bégaie ou même qu’on soit mort, l’important est d’être bien placé pour aller poser son séant sur les confortables fauteuils de pluche de la Chambre des députés.
Ce type de scrutin, par sa nature même, attire beaucoup d’opportunistes qui entendent bien profiter des avantages de la fonction, du salaire confortable, de la buvette aux prix réduits et des voyages gratuits au Costa-Rica ou aux Bahamas – lesquels voyages ont pour objet, bien entendu, d’étudier la situation économique et sociale de ces pays, en particulier la situation sur les plages et dans les night-clubs. À part ça, les opportunistes entendent résolument ne jamais rien faire, ne jamais montrer leur bobine à la Chambre, ne jamais participer au moindre débat ni à la moindre commission. Il faut les comprendre : ils seront trop occupés à rédiger le rapport sur les vaillantes ouvrières de la salsa dans les Bahamas…
Donc, nous aurons bientôt des élections et tous les opportunistes du pays sont sur les dents, cherchant par n’importe quel moyen à faire porter leur nom sur une liste, si possible à un rang qui leur permette d’entrer dans le Walhalla – je veux dire la Chambre des députés.
C’est là qu’entre en scène un opportuniste bien de chez nous – nommons-le Bouazza (c’est un pseudonyme, pour éviter les procès). Bouazza n’a qu’une seule qualité : il est marocain. Dans d’autres circonstances, sous d’autres cieux, ce serait peut-être un défaut, mais ici, hic et nunc, c’est une qualité : chaque parti veut avoir son ou sa Marocain(e) pour bien montrer qu’il prend au sérieux la question de l’intégration des étrangers. Le jour où Bouazza reçoit un appel téléphonique lui demandant s’il veut être sur la liste d’un parti, il interrompt son correspondant, répond oui avec enthousiasme, avec véhémence même, et déclare qu’il accepte et qu’il signe des quatre mains. Tout cela sans se renseigner sur les objectifs du parti en question : il ne pense qu’au salaire, à la buvette aux prix réduits et aux Bahamas. Il passe sa journée à rêver à la vie épastrouillante qui l’attend, mais le lendemain, quand il ouvre le journal, c’est le choc : il apprend qu’il est en bonne position sur la liste du Parti pour la protection des animaux.
Tête de Bouazza qui déteste les chiens, se fout des dauphins et hausse les épaules quand on égorge un hérisson en sa présence.
Bouazza, député animal.
Meueueeuh oui.
Faisant contre mauvaise fortune bon cur, notre Bouazza velu fait campagne, déguisé en panda. L’important, c’est d’être élu. Il sera toujours temps, ensuite, de piétiner quelques chats pour se venger.
Hélas, les sondages ne donnent aucun siège au Parti pour la protection des animaux. Bouazza le mammifère devra donc faire une croix sur la vie douillette de parlementaire dont il rêvait tant. À titre de consolation, le Parti lui a promis un job au zoo. Il paraît qu’ils cherchent quelqu’un pour peigner la girafe

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