Le cimetière des éléphants

Publié le 19 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Pour une fois, les sondages ne se sont pas trompés : la grande favorite l’a emporté par K.-O., dès le premier round. Jeudi 16 novembre, Ségolène Royal a en effet été désignée, à une large majorité, candidate du Parti socialiste à l’élection présidentielle de 2007.
On la disait pourtant en perte de vitesse après ses prestations en demi-teinte lors des derniers débats télévisés et quelques sorties médiatiques approximatives (les jurys populaires). Mais avec un peu plus de 60 % des voix, elle a devancé sans coup férir ses deux rivaux, Dominique Strauss-Kahn (20,8 %), et Laurent Fabius (18,5 %). Renforcée par une participation massive – près de 81 % des militants se sont exprimés -, sa victoire ne souffre aucune discussion. Dans certaines fédérations, les Bouches-du-Rhône par exemple, où elle a recueilli 73 % des suffrages, elle a même tourné au plébiscite.
Jusqu’au bout, « DSK » et Fabius ont cru – ou fait semblant de croire – qu’un second tour était possible. Revigoré par des débats qui ont plutôt tourné à son avantage, le premier, campant enfin sur une ligne sociale-démocrate moderne et décomplexée, rêvait de créer la surprise et de fédérer tous ceux, à la gauche comme à la droite du parti, que rebutent le style atypique et les positions iconoclastes de la « madone des sondages ». C’est le seul « éléphant » à surnager. Mais les sifflets que ses partisans ont réservés à Ségolène, au Zénith, le 26 octobre, les accusations de machisme qui lui collent à la peau et, surtout, l’affaire de la « vidéo des enseignants » malencontreusement sortie dans les derniers jours de la campagne, tout cela risque de compromettre le rapprochement que ses lieutenants appellent désormais de leurs vux. Entre Royal et DSK, la réconciliation ne sera pas aisée.
Auteur de l’inoubliable « qui va garder les enfants ? » lancé après l’annonce de la candidature de sa rivale, Fabius semble quant à lui condamné à la marginalisation. Sa ligne « à gauche toute » n’a pas convaincu. Son score personnel est inférieur à celui obtenu par sa motion au dernier congrès du PS (21,5 %). C’est une claque. L’ancien « chouchou » de François Mitterrand ne sera jamais président et il vit probablement le crépuscule de sa carrière politique. Pour Ségolène, qui n’a pas complètement levé les doutes concernant sa stature, le plus difficile commence. Coupée des élites, qui lui reprochent des postures flirtant avec le populisme, elle est proche de la base. Les Français se reconnaissent en elle, c’est sa force. Mais aura-t-elle les épaules assez larges pour résister à la tornade Sarkozy ? Verdict le 6 mai 2007.

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