Grand-messe à Bruxelles

Publié le 19 novembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Le succès des premières Journées européennes du développement, à Bruxelles, du 15 au 17 novembre, a étonné jusqu’à leurs organisateurs. Les débats sur la « gouvernance » organisés au Palais des expositions du Heysel ont en effet accueilli plus de 1 300 participants, tandis que le Forum des affaires Europe-Afrique réunissait une bonne centaine d’entrepreneurs et de responsables économiques.
Mais c’est surtout la présence de dix-sept chefs d’État et de gouvernement africains qui a permis à ce qui n’était au départ qu’une opération de communication de la Commission européenne de se transformer en véritable minisommet. Le Portugal, qui prendra la présidence de l’UE le 1er juillet 2007, a annoncé son intention d’organiser la deuxième édition de ces « Journées ».
Pour Louis Michel, le commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, la journée du 16 novembre aura été un véritable marathon. À partir de 8 heures du matin, il s’est successivement entretenu avec une dizaine de responsables africains (au menu : les Accords de partenariat économique, l’état de la coopération et l’immigration), jusqu’au dîner pris en compagnie de l’Ougandais Yoweri Museveni. Avec ce dernier – ainsi, bien sûr, qu’avec le Rwandais Paul Kagamé -, il a évoqué la victoire électorale de Joseph Kabila en RD Congo. Avec François Bozizé, qu’il rencontrait pour la première fois, il a été question d’un financement européen destiné à sécuriser les frontières de la Centrafrique, ainsi que de la visite qu’il doit faire dans ce pays (et au Tchad) à la fin du mois de janvier. Avec le Togolais Faure Gnassingbé, il a poursuivi les négociations sur une éventuelle reprise de la coopération européenne, avant d’évoquer avec l’Éthiopien Mélès Zenawi les récentes arrestations des membres de la délégation de la Commission européenne à Addis-Abeba. Kagamé, dont le pays bénéficiera à partir de 2008 de très importants programmes de coopération, a eu droit à un entretien d’une heure, quand ses collègues ont dû se contenter de deux fois moins.
Les experts et les acteurs de la société civile, en revanche, n’ont apparemment pas très bien compris ce que ces « Journées » pouvaient apporter à la cause du développement. « Tout ce qui a été dit l’avait déjà été cent fois, mais rien n’est jamais mis en uvre, regrette par exemple le Camerounais Bernard Njonga, directeur de La Voix du paysan. Ce dont a besoin l’Afrique, c’est d’un réel engagement politique. »
S’agissant de la « gouvernance », Louis Michel a tenu à préciser, lors de la cérémonie d’ouverture, qu’elle n’est « ni bonne ni mauvaise » et qu’elle doit être décidée par les Africains eux-mêmes. Le concept a beau être depuis longtemps à la mode, il continue d’être perçu par nombre d’Africains comme une « conditionnalité » désagréable, voire comme une ingérence dans leurs affaires intérieures. Pourtant, en dépit du caractère quelque peu polémique de son thème, ils n’ont pas boudé la manifestation. C’était même la première fois que tant de « grands d’Afrique » étaient réunis en même temps à Bruxelles. Ils en ont d’ailleurs profité pour multiplier les rencontres. Entre eux, bien sûr, mais aussi avec les nombreuses personnalités présentes pour l’occasion à Bruxelles : de Paul Wolfowitz, le président de la Banque mondiale, à Mark Malloch Brown, le numéro deux de l’ONU, en passant par Donald Kaberuka, le président de la BAD, Nathalie Delapalme, la conseillère Afrique du Quai d’Orsay, ou Bachir Saleh Bachir, le chef de cabinet de Mouammar Kadhafi.

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