De la stratégie aux utopies

Publié le 19 novembre 2006 Lecture : 3 minutes.

« Pour l’intelligence du monde » Le sous-titre de La Revue se vérifie décidément avec cette nouvelle livraison.
La stratégie pour les nuls Spécialiste et bon vulgarisateur, le général Copel tire une leçon simple et éclairante de l’échec de l’armée israélienne au Liban. « La lutte entre le sabre et la cuirasse est forcément éternelle », rappelle-t-il avant d’interroger : « Les armes israéliennes sont-elles toujours aussi performantes et adaptées aux combats actuels ? » La réponse est négative pour plusieurs raisons… Conclusion froidement technique : les Israéliens vont être « amenés à revoir sérieusement leurs méthodes de combat, ainsi que leur politique extérieure ». Conclusion prospective – et optimiste : « Au Moyen-Orient comme ailleurs, plus les offensives se révéleront difficiles et coûteuses, plus les belligérants potentiels prendront conscience qu’il vaut mieux rester chez soi plutôt que de s’en aller guerroyer à tort et à travers. »

Un autre spécialiste prend le relais sans s’éloigner de la région. L’ancien représentant du secrétaire général de l’ONU à Kaboul et envoyé spécial à Bagdad, l’Algérien Lakhdar Brahimi, analyse l’évolution de la situation autour de la Mésopotamie depuis la guerre Iran-Irak. Il esquisse des perspectives parmi lesquelles se glisse à peine un faible rayon d’espoir en la viabilité d’une fédération entre les entités chiite, sunnite et kurde.
Luiz Inácio da Silva renouvellera-t-il, au cours de son deuxième mandat à la présidence du Brésil, les miracles économique et social qu’il a accomplis en quatre ans ? Voilà en tout cas exposée et expliquée la « méthode Lula ».
Tout autre est Abdou Diouf, digne héritier de Léopold Sédar Senghor à la tête du Sénégal. Après avoir quitté le pouvoir, il aurait pu, en toute légitimité, prendre pour sinécure son accession au secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie. Or, en moins de trois ans, il réussit à transformer ce « machin » somnolent en une institution dynamique.
La Revue élargit le débat à ce qu’elle appelle les « nouvelles utopies » de l’économie. Qu’en est-il, ainsi, du « commerce équitable » ? Aux yeux de l’économiste Christian Jacquiau, cette idée généreuse a été dévoyée en instrument de marketing, réduite à « une démarche élitiste et caritative teintée de néocolonialisme ». Reviendra-t-on au troc, à l’échange de biens et services hors des circuits commerciaux ? Cela se pratique, mais à petite échelle, et semble bien condamné à rester une aimable utopie. N’est-il pas paradoxal de parler de la décroissance comme d’une utopie ? C’est plutôt un concept à la mode, qui ne résiste pas au bon sens s’il prétend signifier que la croissance est un frein au développement. Mais s’il s’agit d’attirer l’attention de manière provocante sur cette évidence que la croissance doit être un moyen et non une fin, pourquoi pas ?
On en vient au pétrole, dont les cours jouent au yo-yo. Voici pourquoi « les experts se trompent toujours », nous révèle Robert Mabro, qui en est un. Le prix du pétrole résulte d’équations à multiples inconnues, économiques, politiques, financières et métaphysiques, à la fois indépendantes et interagissantes. Si les experts parvenaient à se retrouver dans ce dédale de paramètres, « ils seraient tous multimillionnaires ».
Moment d’histoire. Un peu acteurs, un peu victimes, finalement témoins surtout, ces deux Chinois ont vécu la Révolution culturelle. Le premier, Zheng Ruolin, alors adolescent, est aujourd’hui journaliste ; il raconte. L’autre, Li Zheng Sheng, était déjà photographe ; il exhume des clichés longtemps cachés. Une occasion de souligner la qualité constante de l’iconographie qui caractérise ce périodique.

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À côté des grands articles, on trouvera dans ce n° 5 de La Revue des rubriques, qui sont des textes brefs et incisifs sur des sujets variés. C’est ainsi que François Soudan a dîné, non avec le Commandeur, mais quand même avec un revenant, « l’ancien vizir omnipotent de Hassan II », Driss Basri. L’homme n’est plus qu’amertume ; heureusement, son convive introduit quelque humour dans le dialogue. Autre interview, celle-ci imaginaire de Ronald Reagan, par Fouad Laroui, qui a d’autres cordes à son arc, mais qui devient ici un humoriste comme il en faudrait à tous les périodiques.

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