L’heure de vérité
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Deux mois et demi après avoir renversé le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, la junte militaire entame un face-à-face délicat avec les Européens. Le 20 octobre, elle a rendez-vous à Paris avec la présidence de l’UE, actuellement assurée par la France, et son commissaire au Développement, le Belge Louis Michel. De cette « consultation » dépend la poursuite de la coopération entre les deux parties. Pour la délégation mauritanienne conduite par Moulaye Ould Ahmed Laghdaf, le Premier ministre nommé par la junte, l’enjeu est crucial : premier bailleur de fonds du pays, l’UE menace de geler tout ou partie de l’aide de 156 millions d’euros censée financer divers projets de développement au cours des cinq ans à venir. Depuis le 6 août, la Commission a suspendu tout nouvel engagement, estimant que des « éléments essentiels » (État de droit, droits de l’homme, etc.) de l’accord de Cotonou régissant la coopération entre l’UE et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) ne sont pas respectés. Or la Mauritanie, frappée de plein fouet par la crise alimentaire et la hausse des cours des matières premières, a le plus urgent besoin d’argent frais.
Conformément à l’article 96 de l’accord de Cotonou, la partie mauritanienne va faire des propositions de « retour à la norme », qui conditionneront la poursuite éventuelle de la coopération. Mais un terrain d’entente ne sera pas facile à trouver. L’UE réclame inlassablement la libération et le rétablissement dans ses fonctions de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. La junte persiste à le maintenir en résidence surveillée, promet une élection présidentielle sans avancer de calendrier ni préciser si le général Mohamed Ould Abdelaziz, son chef, y sera candidat. Mais sait-on jamais ? Dans chaque camp, l’unanimité n’est en effet que de façade
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