Vodka frappée

Publié le 19 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Mon propos ici n’est point de rire de l’alcoolisme, fléau bien trop grave pour qu’on s’en moque. Je n’ai pu cependant m’empêcher de sourire lorsque j’ai appris la façon dont l’alcoolisme était combattu en Russie. Un chercheur et un psychiatre ont mis au point une méthode de sevrage censée être révolutionnaire : la cure par le fouet. Pour lui enlever l’envie de boire cul sec, on administre au patient trois cents coups de baguette sur les fesses par semaine. Le but d’un traitement aussi indigne ? Regonfler chez les alcooliques leur réserve d’endorphines, ces hormones du bonheur. L’alcool rendant l’épiderme moins sensible, les malades sont par conséquent « mal dans leur peau ». Les coups de verge devraient les aider à se sentir bien dans leur corps et donc à diminuer le manque.

Cela peut paraître bizarre et même culotté comme théorie, mais on en a vu d’autres baisser leur froc pour moins que ça. En ce qui me concerne, je trouve cette méthode acceptable. Mieux, elle permet de réaliser de sacrées économies : au lieu d’aller boire un pot, le patient opte pour un traitement qui ne lui coûtera pas la peau des fesses ! Peut-être se plaindra-t-il de quelques marques, mais mieux vaut des bleus à l’arrière-train qu’un visage fouetté par la couperose.
« Les patients ne saignent pas », assure le psychiatre. Mais tout cela ne nous dit pas comment se déroulent les séances de sevrage. À première vue, j’imagine un bourreau frappant consciencieusement le derrière de gens bourrés. Adieu zigzags et démarche titubante, une fois le popotin brûlant, on est assuré qu’il va filer droit. Cette thérapie redonnerait un tel coup de fouet au malade que, passées les trois semaines de cure réglementaires, il retourne de lui-même se faire flageller une fois par mois dans la clinique du « père fouet tsar ».

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Cette logique incitera-t-elle les accros à l’alcool à moins boire ? Espérons-le, car ils sont près de 30 millions de Russes sur une population de 144 millions à abuser de la boisson. La consommation de vodka par an et par habitant est de 30 litres, et 5 à 6 millions de Russes sont alcooliques : imaginez le nombre de coups de martinet qu’il faudra pour les mettre au régime sec. Le calcul n’ayant jamais été mon fort, je vous laisse cogiter. J’ai d’autres chats à fouetter !

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