Stephen Hayes

Président du Corporate Council on Africa (CCA)

Publié le 19 juin 2005 Lecture : 3 minutes.

Créé en 1993, le Corporate Council on Africa (CCA) a pour objectif de développer les relations d’affaires entre les États-Unis et l’Afrique par le renforcement des échanges commerciaux et des investissements. Le président du CCA, Stephen Hayes, compte sur le prochain US Africa Business Summit, qui se tiendra du 21 au 24 juin à Baltimore, pour sensibiliser les PME américaines aux opportunités qu’offre le continent noir. Simultanément, gouvernements africains et européens montrent un intérêt de plus en plus prononcé pour cette manifestation biennale.

Jeune Afrique/l’intelligent : Pourquoi les entreprises américaines se sont-elles longtemps montrées indifférentes vis-à-vis de l’Afrique ?
Stephen Hayes : Les Américains sont conservateurs, et l’image de l’Afrique véhiculée par les médias aux États-Unis est assez négative. On connaît mal le continent. Il existe également des différences culturelles importantes. Chez nous, les réponses doivent être rapides et efficaces. En outre, les risques financiers et la distance ne facilitent pas le rapprochement. Mais la perception de l’Afrique par les hommes d’affaires commence à évoluer.

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J.A.I. : Le CCA est-il représentatif des entreprises américaines qui travaillent en Afrique ?
S.H. : Il y a six ans, 86 entreprises étaient inscrites au CCA. Aujourd’hui, elles sont 200, et 19 secteurs d’activités sont représentés. Toutefois, les deux tiers des échanges américains avec l’Afrique concernent le pétrole. Nous essayons de les diversifier, mais, dans un futur proche, le pétrole gardera une place prépondérante.

J.A.I. : Quels sont les nouveaux domaines qui intéressent les Américains ?
S.H. : Nous constatons une croissance importante des échanges dans le secteur de la santé. Dans celui des technologies de l’information et les télécoms, également. Le plus important, c’est le développement des échanges entre petites et moyennes entreprises. Si l’Afrique n’est pas capable de développer ces structures, elle ne pourra pas développer son économie. Et, malgré les apparences, notre économie est fondée sur les PME. Si nous pouvions convaincre ces sociétés de travailler avec l’Afrique, nous aiderions l’économie américaine autant que nos partenaires africains.

J.A.I. : Quelles sont les régions les Américains sont les plus présents ?
S.H. : L’Afrique australe naturellement, car l’environnement économique y est stable. Le golfe de Guinée, également, qui attire les entreprises de services qui travaillent pour les compagnies pétrolières. Mais la région qui connaît le plus grand dynamisme aujourd’hui est l’Afrique de l’Ouest, du Ghana au Sénégal.

J.A.I. : Existe-t-il une réelle compétition entre les entreprises françaises et américaines ?
S.H. : Oui, et je le regrette. Nous pourrions devenir partenaires, la présence française est un peu surestimée. Et nos concurrents les plus dangereux sont plutôt chinois, indiens et… africains. Si les Français et les Américains travaillaient ensemble, ils pourraient s’entraider.

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J.A.I. : Le CCA a-t-il de l’influence à Washington ?
S.H. : Nos statuts ne nous autorisent pas à faire officiellement du lobbying. Mais il y a peu d’actions entreprises ou de lois votées sur l’Afrique sans que nous ne soyons consultés ou impliqués. C’est le cas actuellement pour les négociations sur les accords de libre-échange dans le cadre de l’Union douanière d’Afrique australe (Sacu).

J.A.I. : Vous considérez-vous comme un défenseur de l’Afrique aux États-Unis ?
S.H. : Nous ne sommes pas un groupe de relations publiques au service de l’Afrique. Mais il est vrai que nous essayons de défendre de plus en plus les intérêts africains. Notre organisation était, au départ, destinée à réunir des entreprises qui faisaient du commerce sur ce continent. Mais on ne peut pas vendre si nos partenaires africains ne peuvent pas acheter. Il nous faut donc participer au développement du continent.

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J.A.I. : Quel est le principal obstacle au développement des économies africaines ?
S.H. : Si l’Afrique veut se développer, elle doit donner plus de liberté aux opérateurs privés. Néanmoins, je suis optimiste quant à l’avenir du continent. Les investissements augmentent. L’Afrique du Sud joue un rôle de grande puissance susceptible d’entraîner les autres dans son sillage. Nous verrons des changements beaucoup plus rapides dans les cinquante prochaines années que dans les cinquante qui viennent de s’écouler.

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