Parachever le « miracle »

Publié le 19 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il suffit de compulser les différents indicateurs sociaux et économiques du pays (voir pages 56 à 58) pour mesurer le chemin parcouru par la Tunisie depuis son indépendance, le 20 mars 1956. Éducation, mobilisation des ressources en eau, maîtrise et planification économique, amélioration des conditions de vie, émancipation des femmes, infrastructures : les leviers d’un développement global sont nombreux et, particularité tunisienne, n’ont pas été remis en cause au cours des cinquante dernières années. Cette continuité politique, ce projet de société commun expliquent en grande partie le développement « durable » de la Tunisie, au contraire, par exemple, de l’Algérie voisine, qui a multiplié les expériences, du socialisme à tout crin à la libéralisation parfois « sauvage » des dernières années.
La Tunisie, comme tout le Maghreb central, est aujourd’hui confrontée à de nouveaux choix. Culturellement ancrée à l’Orient, elle tourne de plus en plus la tête vers l’Occident et ses valeurs. Le choc des cultures, en fait leur fusion, est saisissant et ne peut que surprendre les visiteurs. Paraboles, Internet, frontières cent fois plus franchissables qu’il y a quelques décennies, induisent de nouveaux comportements et de nouvelles aspirations que les sociétés du Maghreb sont en train d’assimiler, de digérer.

Le besoin démocratique est de plus en plus palpable. En Tunisie, comme au Maroc ou en Algérie. Ce besoin démocratique ne se résume pourtant pas au comportement et aux politiques menées par les pouvoirs en place, qu’ils soient républicains ou monarchiques. Les Maghrébins veulent désormais s’approprier la politique, participer activement aux choix faits pour la nation, à la gestion de la vie publique aussi bien à l’échelle nationale que locale. Le Maroc de Mohammed VI, par exemple, semble avoir compris ce besoin de participer au débat national, de revendiquer, de contester, de s’exprimer, de demander des comptes. La mise en place de l’Instance Équité et Réconciliation (IER) en est le symbole le plus marquant.

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La Tunisie, qui n’a pas connu une histoire récente aussi tumultueuse que ses voisins du Maghreb, ne réclame pas que l’on se penche sur les crimes ou les exactions du passé. Il n’est pas question, à Tunis, Sousse, Monastir ou Gabès, d’amnistier, de pardonner. Il n’est point besoin non plus d’une quelconque Moudawana ou de dépoussiérer un code de la famille jauni par les ans. La Tunisie veut se rassurer, avoir un projet d’avenir, savoir où elle va. Elle a besoin de plus de transparence politique et démocratique, d’un soupçon de liberté d’expression supplémentaire, de partis politiques (le pluriel est important) qui jouent leur rôle, au pouvoir ou dans l’opposition. Elle a depuis longtemps déjà quitté les rivages du sous-développement. Elle veut parachever une mutation initiée très tôt, réelle, enviable et enviée. Alors, et seulement alors, on pourra parler de miracle tunisien.

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