Pierre Buyoya

Ancien président du Burundi (1987-1993/1996-2003)

Publié le 19 février 2006 Lecture : 3 minutes.

« Il est difficile d’être chef d’État, bien sûr. Mais il est aussi difficile d’être ancien chef d’État. » Pierre Buyoya, ci-devant président du Burundi, sait de quoi il parle. Il est en effet un des rares chefs d’État africains à s’être retiré volontairement de la vie politique à deux reprises. En 1993, d’abord. Tombeur du président Jean-Baptiste Bagaza en 1987, Pierre Buyoya accepte la défaite à l’élection présidentielle qu’il vient d’organiser et quitte le pouvoir après six ans passés à la tête du Burundi. En 2003, ensuite. Après un deuxième coup de force militaire contre le président Sylvestre Ntibantunganya en 1996, alors que le pays vient de connaître de terribles massacres, il cède pacifiquement le pouvoir à son successeur Domitien Ndayizeye et se retire de la vie politique.
Une retraite, qui, cette fois, pourrait bien être définitive. Après un processus électoral de plusieurs mois, l’année 2005 a été celle de la paix au Burundi. Les Burundais ont adopté une nouvelle Constitution, les institutions ont été renforcées et les élections, reconnues comme exemplaires par la communauté internationale, ont été remportées par l’ancien groupe armé rebelle hutu, le Conseil national de défense de la démocratie (CNDD) devenu parti politique en 2003, et par son chef, Pierre Nkurunziza, désigné président de la République. Une stabilité retrouvée qui ne devrait guère pousser l’ancien chef d’État à intervenir une nouvelle fois dans le jeu politique. « La politique ne me manque pas. J’ai fait mon temps et j’ai donné ma contribution », confie-t-il. « Je suis optimiste pour l’avenir de ce pays. Les Burundais ont montré leur capacité à aller de l’avant », ajoute celui qui, selon les termes de la nouvelle Loi fondamentale, ne peut légalement pas se représenter avant une période de six ans mais dispose d’un mandat de sénateur à vie.

S’il siège au Parlement lorsqu’il est à Bujumbura, l’ancien militaire, âgé de 56 ans, diplômé de l’académie militaire de Bruxelles et de l’École des capitaines de Saumur, en France, consacre d’abord son temps à des projets de développement. Dès son retour à la vie civile, il a relancé sa Fondation pour l’unité, la paix et la démocratie, née en 1993 à la fin de son premier mandat. Avec le soutien de bailleurs de fonds européens et de la Banque mondiale, une dizaine de projets sont en cours. Réintégration des enfants des rues, distribution de matériel scolaire, construction d’écoles professionnelles, et surtout, animation, dans la capitale, d’un centre d’étude et de recherche sur le processus de paix et de réconciliation burundais.

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Depuis janvier 2005, l’ancien président s’est lancé lui-même dans un projet de recherche personnel. Boursier de l’Institut américain de la paix, il a été pendant un an, et sera pour six mois encore, professeur invité du Watson Institute for International Studies de l’université américaine de Brown (Rhode Island). En juin 2006, ses recherches devraient aboutir à la publication d’un ouvrage sur le processus de paix burundais. « Il s’agira de mon témoignage, en tant qu’acteur, sur cette période de transition. » Un retour sur l’histoire et sur une expérience que Pierre Buyoya partage volontiers. En 2004 et 2005, il a été mandaté par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour plusieurs missions d’observation des élections en Centrafrique et en Guinée-Bissau. En janvier 2006, il n’a pas hésité à rejoindre l’initiative du président mozambicain Joaquim Chissano, qui a lancé à Maputo un forum des anciens chefs d’État africains sous le parrainage de Nelson Mandela et de l’ex-président zambien Kenneth Kaunda. « C’est un projet collectif dont l’idée principale est de mettre nos expériences d’anciens chefs d’État au service du développement » de l’Afrique. Sur les quatre anciens présidents du Burundi encore en vie (Ndayizeye, Ntibantunganya, Bagaza), il est le seul a y avoir participé. Certainement parce que, pour Pierre Buyoya, être ancien président ne sera jamais une sinécure.

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