Le policé Nippon

Publié le 19 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Grande voyageuse devant l’Éternel, j’ai foulé nombre d’aéroports sans jamais me retrouver dans les locaux d’une douane. À Tokyo, en ce matin de février, je n’avais pas de raisons particulières de m’inquiéter. Ma valise récupérée, je passai sereinement devant le douanier qui contrôlait les passeports une ultime fois. Il regarde le mien puis me demande poliment si je ne transporte pas d’articles illégaux. Il sort un cahier où sont collées des photos d’animaux exotiques, de peaux de bêtes, de drogue, de seringues, d’armes.
« Non, je n’ai ni anaconda, ni mygale, ni kalachnikov », lui réponds-je amusée. L’instant d’après, je ris jaune quand il me dit : « Un chien détecteur de drogue a reniflé votre valise. » Gloups ! Il me prie avec courtoisie de le suivre. J’ai beau être au Japon, je ne me sens pas très zen. La poche extérieure de ma valise étant restée ouverte, j’ai peur qu’une main malintentionnée n’y ait glissé de l’héroïne. Alors que nous empruntons un couloir, une femme en uniforme et un second policier apparaissent comme par magie et nous emboîtent le pas. Dans un bureau, la femme s’enferme avec moi et me tâte des pieds à la tête avant de faire rentrer ses collègues. Très poliment, un douanier me prie de m’asseoir avant de me demander l’autorisation de contrôler ma valise. Son ton est si aimable que je m’attends presque à voir apparaître du thé et des petits gâteaux. Pour me mettre à l’aise, il converse agréablement, s’enquérant de la raison de mon séjour au Japon. Ce qui n’empêche pas ses mains gantées de fouiller activement mes affaires. Ses collègues examinent rapidement mon bagage à main et la sacoche de mon ordinateur. Assurément, ce qui les intéresse se trouve dans la valise qui a voyagé en soute.

Et soudain, mon cerveau engourdi par douze heures de vol et huit heures de décalage horaire a une illumination : je suis dans ce bureau à cause de malheureux saucissons secs ! Explication : une connaissance tokyoïte m’ayant demandé de lui rapporter de la charcutaille, j’ai planqué les « sauciflards » dûment emballés au fond de ma valise. La truffe hypersensible du chien a reniflé les saucissons. Mon bagage passé aux rayons X ayant révélé des formes cylindriques, les policiers en ont déduit qu’il s’agissait de tubes remplis de poudre blanche
Bondissant de mon siège, j’extirpe les pièces à conviction en disant : « Les chiens ont dû renifler ceci ! » Le douanier, aussi soulagé que moi, arrête ses investigations et m’aide à ranger mon bagage. Les saucissons, interdits au Japon, comme toute autre nourriture à base de viande, ne franchiront pas la douane : ils seront incinérés. Les douaniers me remercient de ma collaboration, me donnent un coup de main pour transporter mon bagage et me souhaitent un excellent séjour à Tokyo. Moralité de l’histoire : au Japon, tout présumé suspect doit le rester jusqu’au bout. J’ai suffisamment entendu parler de bavures pour savoir qu’ailleurs il n’en est pas toujours ainsi. Les douaniers de tous les pays devraient en prendre de la graine.

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