Leçon sud-africaine

Publié le 19 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Quand Trevor Manuel a été nommé ministre des Finances par Nelson Mandela en 1996, les grands patrons blancs avaient prédit le pire : corruption, sous-développement, faillite économique Bref, des prophéties apocalyptiques qui devaient conduire la nation Arc-en-ciel à la ruine. Une décennie plus tard, le grand argentier est toujours là. Et bien là. Le 11 février, il a présenté son dixième budget devant les parlementaires du pays réunis au Cap. Ceux qui hier le vouaient aux gémonies ne cessent désormais de louer sa méthode et les résultats obtenus. La première puissance économique du continent africain table sur une croissance d’environ 5 % en 2006 ; la dette extérieure ne représente pas plus de 20 % du PIB ; l’inflation et les taux d’intérêt restent modérés ; le déficit budgétaire a été ramené à 0,5 % au cours de la dernière année fiscale.

Ces performances, Trevor Manuel les a réalisées en appliquant quelques recettes simples, quoique difficiles à mettre en uvre : gestion rigoureuse des dépenses publiques, maîtrise de l’inflation et de la volatilité du rand Il a rassemblé autour de lui une équipe solide qui travaille dans la transparence, fait de la prospective et multiplie les informations à l’intention des opérateurs économiques. Premier producteur mondial d’or, cinquième de diamant et sixième de charbon, Tshwane (Pretoria) crée aujourd’hui plus du quart des richesses de l’Afrique. Et compte des firmes mondialement connues, comme le géant minier De Beers, ou les enseignes de distribution Bidvest ou Shoprite.
Une réussite qui a valu à Manuel et à son président, Thabo Mbeki, les louanges de la communauté internationale mais aussi le courroux de l’Église, des ONG et autres représentants de la société civile, qui leur reprochent d’avoir renié leurs convictions sociales. Améliorer l’habitat, l’accès à l’eau et à l’électricité, réduire le taux de chômage, qui s’élève à près de 30 %, voire 40 % en tenant compte de l’informel, former les jeunes et, surtout, enrayer la propagation du sida, qui touche 11 % de la population Le redressement du pays ne sera total que lorsque ces lacunes seront comblées. La population s’impatiente et a trouvé dans la Cosatu, la grande organisation syndicale du pays, un porte-voix pour tenter d’obtenir plus de souplesse budgétaire au bénéfice du secteur social. Les autorités ont bien tenté de corriger le tir en élaborant un programme d’action intitulé « Initiative pour une croissance partagée et accélérée de l’Afrique du Sud », dont l’objectif est de réduire de moitié la pauvreté et le chômage d’ici à 2014. Un grand programme sur lequel elles ne manquent pas de communiquer à quelques jours des élections locales, véritable test pour le Congrès national africain (ANC), dont l’image est écornée et les cadres divisés par l’affaire Zuma.

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