La fin du purgatoire ?

Verdict optimiste de la mission du FMI.

Publié le 19 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Après quinze jours passés à éplucher les comptes publics et à dialoguer avec les responsables économiques, l’équipe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) présente à Yaoundé dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) a rendu son verdict. « Les perspectives sont bonnes », a conclu, le 9 février, le Mauricien Daneshwar Ghura, chef de la mission du FMI. De cette conclusion dépend l’atteinte du fameux « point d’achèvement », qui désigne le moment à partir duquel un pays, ayant rempli ses engagements vis-à-vis des institutions de Bretton Woods, peut bénéficier d’un allègement de sa dette extérieure.
Pour le Cameroun, l’enjeu est crucial. Près de la moitié de sa dette, soit 3,5 milliards de dollars, pourrait être annulée moyennant des progrès en matière de stabilité économique, de transparence, de conduite de programme de privatisations et de bonne gouvernance. Sans compter les réductions additionnelles des créanciers du Club de Paris, qui seront négociées au cas par cas. Après la déclaration optimiste de Ghura, le ministre camerounais des Finances, Polycarpe Abah Abah, n’a pas caché sa satisfaction. Le pays retrouve ainsi la confiance des institutions de Bretton Woods après avoir été mis « off track » en août 2004 pour mauvaise gouvernance et falsification d’informations financières. Seuls les conseils d’administration du FMI et de la BM sont néanmoins habilités à statuer sur l’atteinte du point d’achèvement. Les autorités camerounaises souhaitent qu’ils rendent leur avis avant le 30 avril 2006. Encore faut-il que Washington reçoive, d’ici là, un rapport sur la mise en uvre du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), un vaste programme de développement économique et social.
« Je ne pense pas que l’on se soit réjoui prématurément », nous a confié Malangu Kabedi, représentante du FMI à Yaoundé. Il ne faut pas s’attendre cependant à une pluie de billets verts. Les mécanismes sont complexes. Le Cameroun continuera à honorer ses remboursements envers la France, au nombre des créanciers, et le Trésor français lui restituera chaque versement pour financer le budget de l’État et les initiatives économiques et sociales. Le tout sur une quinzaine d’années.
Le citoyen lambda, touché par la hausse des prix des biens de consommation, caresse l’espoir que « la vie va changer ». Les fonds PPTE, déposés sur un compte isolé à la Banque centrale, devront être affectés à la lutte contre la pauvreté. Ensemble, l’État, les bailleurs de fonds et la société civile doivent identifier des projets publics. Certains, comme la rénovation des infrastructures routières de Douala, sont déjà prêts, le point d’achèvement ayant été initialement prévu pour 2004. Mais les incrédules n’en démordent pas : pour eux, l’argent sera dilapidé en dépenses de prestige. « On va nous achever », ironise même l’un d’eux.

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