Laboratoires : une lutte sans merci
Publié le 19 février 2006 Lecture : 1 minute.
La psychose d’une éventuelle contamination de l’homme par la grippe aviaire a relancé la concurrence, déjà féroce, entre les principaux laboratoires pharmaceutiques mondiaux, qui concentrent la plus grande partie des activités de recherche et de développement des nouveaux vaccins et médicaments. Depuis que les gouvernements occidentaux achètent par millions les pilules considérées comme les plus efficaces en cas d’apparition d’une forme humaine du virus H5N1, tous les industriels du secteur veulent profiter de la poule aux ufs d’or.
C’est que les perspectives de profit sont faramineuses. En 2005, le Tamiflu® – l’un des deux médicaments recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour lutter contre la grippe aviaire en cas de mutation du virus -, a rapporté plus de 1 milliard d’euros au laboratoire suisse Roche, contre 198 millions en 2004 ! Plus de soixante États lui ont déjà commandé des stocks, à l’instar de la France, qui dispose actuellement de 14 millions de boîtes de traitement. De son côté, le groupe britannique GlaxoSmithKline a multiplié par quinze sa production de Relenza® l’an dernier, pour faire face à l’importance de la demande.
Rien d’étonnant, dans ces conditions, à ce que les deux enseignes aient traîné les pieds pour autoriser d’autres groupes à fabriquer leur « potion magique ». Ce n’est qu’en décembre 2005 que Roche a accordé des sous-licences de production de Tamiflu® à deux laboratoires indien et chinois.
Mais l’efficacité des antiviraux pour lutter contre la grippe aviaire restant largement à prouver, la guerre la plus violente entre les géants mondiaux du médicament se déroule dans la mise au point d’un vaccin. Le 15 décembre 2005, la firme française Sanofi-Pasteur faisait monter la pression en qualifiant d’« encourageants » les résultats préliminaires de l’essai clinique d’un prototype de vaccin réalisé à partir de la souche H5N1. La réponse de GlaxoSmithKline ne s’est pas fait attendre : le 9 février, le groupe annonçait la production industrielle d’un vaccin contre le même virus d’ici à la fin 2006 La course pour décrocher le gros lot est bel et bien engagée.
