Joseph Domenech

Chef des services vétérinaires de la FAO

Publié le 19 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Quelle est l’origine de ce premier cas de grippe aviaire au Nigeria ?
Nous soupçonnons la propagation du virus par les oiseaux sauvages. Les routes migratoires passent par l’Europe orientale, les Balkans et le Moyen-Orient. De là, les oiseaux peuvent atteindre l’Afrique du Nord, de l’Est et également de l’Ouest. Nous n’avons néanmoins aucune preuve formelle. Plusieurs équipes vétérinaires font actuellement des prélèvements dans la zone infectée au Nigeria, qui seront analysés dans des laboratoires occidentaux.
Le virus peut-il se propager rapidement dans le reste du continent ?
La FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ont demandé aux services vétérinaires du Nigeria de fermer immédiatement les marchés de volailles dans les États de Kaduna et Kano ainsi que dans les régions avoisinantes afin d’empêcher le virus de se répandre davantage. Les pays proches doivent également renforcer les mesures de surveillance, d’inspection et de contrôle aux frontières. Pour circonscrire la maladie, il faut interrompre les mouvements de volailles. Le risque est important, néanmoins. La globalisation des échanges fait qu’aux migrations des oiseaux, s’ajoutent le transport et le commerce des volailles.
Quelles sont les mesures particulières à prendre pour les éleveurs ?
Les cas suspects de décès de volatiles en nombre doivent être signalés rapidement aux autorités sanitaires pour qu’elles interviennent. La FAO recommande également de ne pas importer ni échanger du bétail ou des produits dérivés dans les régions infectées, de ne pas toucher les animaux morts, de se conformer aux règles d’hygiène après avoir manipulé des volailles ou de la viande de volailles.
Les services de santé animale africains sont-ils suffisamment ?préparés ?
Nous avons réalisé un important travail de prévention depuis un an. La FAO met uvre plusieurs projets de coopération technique dans toutes les régions d’Afrique. Nous avons entrepris la capture des oiseaux sauvages au Mali, au Nigeria, au Tchad et en Éthiopie en novembre dernier pour y étudier la présence du virus. Nous devons multiplier les enquêtes pour savoir quels sont les animaux qui transportent la grippe aviaire, les distances qu’ils peuvent parcourir, leurs escales et leurs points de chute. La faune sauvage et les élevages semblent être les deux réservoirs d’origine de la maladie.
Les moyens financiers sont-ils suffisants ?
Les bailleurs de fonds se sont engagés lors de la conférence de Pékin en janvier dernier à apporter 1,9 milliard de dollars pour la prévention et la lutte contre la grippe aviaire dans le monde. Il faut qu’ils tiennent leur promesse. Hormis les pays d’Afrique du Nord et plusieurs États d’Afrique australe, les autres nations du continent ne disposent pas de ressources propres suffisantes et font appel à l’aide internationale. La FAO n’a mobilisé que 1,6 million de dollars pour l’Afrique. Il faut faire plus.

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