Celui par qui le scandale est arrivé

Publié le 19 février 2006 Lecture : 2 minutes.

« Je ne suis que le responsable des pages culturelles d’un journal danois », dit Flemming Rose. Mais le journal danois en question, c’est le Jyllands-Posten, où ont paru les douze caricatures incendiaires du prophète Mohammed. Et certains de ses confrères sont persuadés que Flemming Rose savait parfaitement ce qu’il faisait lorsqu’il les a commanditées et publiées, même s’il n’imaginait pas que les conséquences seraient ce qu’elles ont été.
Le journaliste américain Dan Bilefsky l’a rencontré à Copenhague, avant qu’il ne parte pour de longues « vacances » sur lesquelles il reste discret, car, comme Salman Rushdie, il fait l’objet d’une fatwa. Son explication : « Après avoir vécu dans une société où la liberté n’existait pas, j’ai trouvé inquiétantes les tendances totalitaires que l’on constate dans certains milieux islamiques. »
Flemming Rose, qui est âgé de 47 ans, a, en effet, été correspondant de presse à Moscou pendant treize ans, à la fin de la période soviétique et dans les débuts de l’après-communisme. Originaire d’un milieu ouvrier de Copenhague, il était hippie lorsqu’il était étudiant. Il s’est spécialisé dans la littérature russe, a beaucoup joué au football et assisté à des concerts de rock. Son premier job a été de donner des leçons à des réfugiés. En URSS, il fréquentait les dissidents, dévorait les livres de Soljenitsyne, mais aussi ceux de Hannah Arendt. Il a fait aussi des reportages dans les pays baltes au moment de la chute du communisme et en Tchétchénie. Il ne regrette toujours pas d’avoir publié ces caricatures, et il ne se sent pas responsable des violences qu’elles ont provoquées. « Ce que j’ai fait, dit-il, je l’ai fait au nom de la liberté d’expression, par haine de la censure, et je ne présenterai pas d’excuses. »
Ses confrères racontent que lorsque le fils de Che Guevara a proposé de faire à Copenhague une exposition de photos de son père, Flemming Rose a refusé de publier un article sur le sujet à cause du « marxisme » du Che. Il a fait campagne pour qu’on retire une statue de Lénine d’un musée de Copenhague.
Il était également « obsédé » par le conflit qui se développait, selon lui, entre l’Islam et l’Occident. Il a publié, par exemple, des articles sur les poursuites engagées en Iran contre les modèles qui posaient nues dans les cours de dessin. « Mais, dit-il, je n’ai rien contre l’islam lui-même. Je ne suis ni un croisé de la liberté ni l’hyperconservateur qu’on brûle en effigie dans certains pays musulmans. »
Son dernier mot : « Je ne suis pas non plus un Salman Rushdie. »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires