Affranchir les « vilamègbo »

Premier pas pour mettre fin à la traite des « enfants placés » ?

Publié le 19 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Le ministère togolais des Affaires sociales et de la Promotion féminine a décidé de prendre le taureau par les cornes. Le 16 février, Agnélé Christine Mensah, secrétaire d’État chargée de la protection des enfants et des personnes âgées, est partie en guerre contre la pratique des vilamègbo (les « enfants placés », en langue mina). « C’est un problème brûlant. Nous avons décidé de prendre des mesures dissuasives, telles que des poursuites judiciaires, pour contrer le phénomène », a déclaré cette dernière, ajoutant qu’un jeune Togolais sur sept serait aujourd’hui concerné par les dérives de cette tradition.
Pour les familles pauvres, le placement des enfants dans des familles aisées doit théoriquement permettre de soulager le foyer d’une ou plusieurs bouches à nourrir. Et permettre à celui ou celle qui en profite d’acquérir une éducation ou d’apprendre un métier, ce dont il n’aurait pu bénéficier autrement. En contrepartie, le jeune doit s’acquitter d’un certain nombre de travaux domestiques en faveur des personnes qui l’accueillent.
Dans les faits, pourtant, cet échange de bons procédés a été dévoyé. Souvent, les vilamègbo sont réduits en esclavage, partageant leur quotidien entre des corvées ménagères, du baby-sitting et la vente ambulante de produits au profit exclusif de leurs « tuteurs ». De nombreuses gamines servent également de « petites mains » dans des salons de coiffure, des magasins de couture ou des bars-restaurants.
En août 2005, le Parlement togolais a voté une loi réprimant toute forme d’exploitation des enfants. Elle prévoit des peines de deux à dix ans de prison, ainsi qu’une amende pouvant atteindre 10 millions de F CFA, pour les contrevenants. Les parents des victimes, considérés comme complices, encourent les mêmes sanctions.
Dans un énième rapport sur le sujet, publié en avril 2003, l’organisation non gouvernementale américaine Human Rights Watch (HRW) parle de « traite ». Le texte rapporte, entre autres, que les « petits esclaves » sont souvent conduits dans des pays voisins, où ils sont utilisés dans des plantations agricoles, treize heures par jour. À ces journées de labeur interminables s’ajoutent des violences et parfois des viols. « La plupart subissent des châtiments et des sévices corporels », indique le ministère des Affaires sociales et de la Promotion féminine.
D’après les associations, plus de 200 000 enfants subiraient ce genre de traitement en Afrique de l’Ouest. Celles-ci déplorent par ailleurs le « manque d’actions concrètes » des pouvoirs publics. Pour elles, les vilamègbo sont une pratique ancestrale qui ne disparaîtra jamais…

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