ONU : mission accomplie

Le 15 décembre, les derniers Casques bleus ont quitté le pays.

Publié le 18 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Six ans, c’est à la fois court et trop long. C’est en tout cas le temps qu’aura duré la Mission des Nations unies en Sierra Leone (Minusil). Décidée le 22 octobre 1999 par le Conseil de sécurité, afin d’aider les Sierra-Léonais à mettre en oeuvre les accords de Lomé signés le 7 juillet 1999, mais aussi pour les forcer à respecter le cessez-le-feu, elle n’aura officiellement pris fin que le 31 décembre 2005.
Techniquement, c’est le 15 décembre que les trois cents derniers Casques bleus encore présents à Freetown ont quitté le pays pour laisser la place au bureau de consolidation de la paix. La veille du départ du dernier soldat de l’ONU, Kofi Annan a nommé en effet le Portugais Victor Angelo à la tête du Bureau des Nations unies en Sierra Leone – une structure unique en son genre destinée à accompagner les autorités dans la période de postconflit, et pour éviter que leur pays ne retombe dans le chaos.
Exemplaire, la Minusil l’aura été à plus d’un titre. Avec l’un des mandats les plus longs pour une mission de ce type, elle est considérée comme « la success story du maintien de la paix » par les Nations unies. Ses responsables sont parvenus à faire respecter les droits de l’homme, avec la création du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) qui tient ses audiences dans la capitale même. Elle a favorisé la création d’une Commission Vérité et Réconciliation, qui a rendu ses conclusions en août dernier. Elle a aidé le gouvernement à juguler le commerce illicite des diamants. Elle a participé à l’aide au retour d’un demi-million de réfugiés.
Surtout, la Minusil a réussi, en moins de quatre ans, à démobiliser 75 000 combattants, dont quasiment 7 000 enfants-soldats, récupérant environ 42 000 armes et 1,2 million de munitions. Quelque 50 000 anciens combattants ont également bénéficié de ses aides à la réinsertion dans l’économie du pays.
Forte de 17 500 militaires en 2001 (soit 1 000 de plus que l’actuelle Monuc, en place en RD Congo), elle était, à ce jour, la mission de l’ONU la mieux pourvue en hommes. À trois reprises, le Conseil de sécurité avait augmenté ses effectifs, son mandat et son budget. Au total, la Minusil aura coûté environ 3 milliards de dollars. Et aura rempli une mission parfois parsemées d’obstacles. En mai 2000, trois cents Casques bleus sont faits prisonniers par les rebelles du RUF, et quatre y laisseront la vie.
Les soldats de l’ONU ont dû également faire face à des accusations de violences sexuelles contre les réfugiées. Tandis que le TSSL n’a toujours pas obtenu la comparution de l’ex-dictateur libérien Charles Taylor, poursuivi pour crimes contre l’humanité. Mais malgré ces ratés, selon le patron de la Minusil, Daudi Ngelautwa Mwakawago, les Sierra-Léonais iront voter, en 2007, pour leur président. Coûte que coûte.

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