Le Lamy show

Publié le 18 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

« José Bové est meilleur que moi avec les médias ! » plaisantait Pascal Lamy en novembre 2001. Quatre ans plus tard, le directeur général de l’OMC est devenu un grand show man et la coqueluche des journalistes. La conférence lui a offert une scène grandiose donnant sur la baie de Hong Kong pour faire l’étalage de tout son art. « Le moine-soldat », « l’exocet », le « dalaï-Lamy » a entamé son numéro dès l’ouverture du sommet. Apparaissant à la tribune sous le dôme monumental du Centre de conventions, le socialiste français a brandi une baguette magique devant 6 000 délégués médusés. Un joujou qui lui aurait été donné par sa secrétaire, mais qui ne « marche sûrement pas. La seule magie à l’OMC, a-t-il précisé, est le rare moment de consensus qui ne se produit qu’à force de beaucoup de travail. »
Plongé presque 24 heures sur 24 dans la marmite des négociations, il a trouvé le temps de livrer ses états d’âme au grand public, une première pour ce personnage plutôt réservé : il a tenu un blog, livraison de ses humeurs et impressions quotidiennes. Une manière d’évacuer la pression à l’issue des intenses journées de discussions. On y apprend que ce marathonien s’est aménagé quelques plages horaires pour faire son traditionnel footing matinal ou quelques exercices à la salle de gym. À 58 ans, il tient à conserver sa ligne, n’avalant, lors de ses petits déjeuners, que quelques tartines et des bananes, le fruit de la discorde entre Européens, Africains et Latino-Américains. On connaissait le Lamy pragmatique et tenace, on a découvert le Lamy lyrique : « Les délégués planent dans l’air d’un niveau à l’autre de cette gigantesque capsule de verre et d’acier qui donne sur un port grouillant de toutes les formes imaginables d’embarcations : cargos, pétroliers, yachts, bateaux de pêche… La vue de mon bureau sur le passage ininterrompu de ces navires est fantastique et me rappelle sans arrêt le caractère concret de ces négociations. Si jamais on élève un jour un monument à la gloire du commerce, ce sera sûrement à Hong Kong. » Avant de s’autoqualifier de berger, d’infirmière, ou encore de sage-femme durant un accouchement au forceps. Si Lamy n’est parvenu à obtenir qu’un accord a minima, il a en tout cas réussi son opération médiatique, théâtralisant le sommet à grand renfort de mots et de postures. Ce n’est pas Bové qui dira le contraire. À deux jours de la clôture d’un événement que le leader paysan français voulait voir échouer, ne disait-il pas : « Méfions-nous, le magicien est capable de nous sortir quelque chose de son chapeau à la dernière minute » ?

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