L’Algérie sans Ben Bella

Publié le 18 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

La manière dont Boumedienne se présente à ses concitoyens rend compte à la fois de son propre désir de rester à l’arrière-plan et de certains aspects d’un programme soigneusement élaboré. Ben Bella aspirait à devenir le leader d’un « Tiers Monde » jamais défini. Depuis sa chute, Boumedienne s’est efforcé de mettre en pratique le « principe collégial » déjà énoncé par les révolutionnaires algériens pendant la lutte pour l’indépendance. En fonction de ce principe, Boumedienne travaille principalement à travers un conseil révolutionnaire qu’il préside, composé dans sa majorité d’anciens chefs de l’insurrection, qui ont parfois conservé leur nom de guerre. […]
À bien des égards, l’Algérie est aujourd’hui plus étroitement liée à la France qu’elle ne l’a jamais été lorsqu’elle faisait vraiment partie de la métropole. En revanche, s’il y vivait un million de civils et au moins 500 000 soldats, il ne reste plus que 90 000 personnes de nationalité française. Les autres ont quitté l’Algérie et leur départ a laissé un vide énorme. Vide d’autant plus sensible que demeure, dans les domaines de la bureaucratie et de la culture, une multitude de legs des Français. Tels des fantômes du colonialisme, ces legs hantent les Algériens, chez qui le respect pour la France et le mode de vie des Français ont survécu à la haine qu’ils ressentaient vis-à-vis des colonialistes pieds-noirs, tyranniques et méprisants. […]
En voulant s’appuyer sur les masses, là même où elles manquaient de cohésion, Ben Bella a commis l’erreur de décourager les cadres, en particulier ceux du FLN qui étaient demeurés en Algérie. Au contraire, il a recherché le concours d’intellectuels citadins, y compris une poignée de théoriciens marxistes. […]
Il y a, certes, toujours des opposants. Des partisans d’Aït Ahmed se maintiennent encore en Kabylie. Plus dangereuse est peut-être l’opposition suscitée par Hocine Zahouane, ancien compagnon de Ben Bella et de Mohamed Harbi, devenu l’un des principaux animateurs du FLN à Alger. Boumedienne n’en semble pas affecté. Il poursuit la réorganisation du gouvernement et, s’il passe le plus clair de son temps dans son bureau du ministère de la Défense, on le voit à l’occasion parcourir la ville en voiture, assis à côté du chauffeur et suivi d’une seule voiture de gardes du corps en civil. Ben Bella ne se déplaçait jamais sans une bruyante escorte de motocyclistes.

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