Janvier 1943, à Tunis

Publié le 18 décembre 2005 Lecture : 1 minute.

Votre article paru dans J.A.I. n° 2343 intitulé « Ce que les juifs tunisiens doivent à Moncef Bey », m’a rappelé quelques souvenirs. En janvier 1943, j’avais 10 ans. Nos voisins de la rue de Soukharas à Tunis, étaient pour la plupart des juifs : les Berrebi, les Gabison, les Chemmama, les Sfez Deux amis de mon père étaient venus à la maison, euphoriques, pour nous raconter leur terrible mésaventure et nous exprimer leur fierté d’être des Tunisiens à part entière. Tous deux venaient d’être libérés du Travail obligatoire organisé par l’armée allemande d’occupation, pour la construction, non loin de l’aérodrome d’el-Aouina, d’une piste d’envol, qui a d’ailleurs donné naissance à l’actuelle route de Raoued-La Marsa. (On remarque encore aujourd’hui, un tronçon de route parfaitement rectiligne, de plus de 2 km, orienté face au vent dominant.) Des alvéoles creusées dans la colline en bout de piste, devaient servir d’abris lors des bombardements alliés. Ces deux amis, très au fait des événements de l’époque, racontaient que Moncef Bey était intervenu dès décembre 1942, sans résultat, auprès des généraux allemands Van Arnim et Kesselring et de l’amiral pétainiste Esteva, pour que les juifs tunisiens soient dispensés du travail obligatoire et considérés, comme il est de tradition, comme des citoyens de la Dhimma, c’est-à-dire subir aucune humiliation et que leurs droits soient sauvegardés.
Ce n’est qu’après l’entretien de Moncef Bey avec le feld-maréchal Rommel, à la faveur d’une visite protocolaire rendue par ce dernier au Bey de Tunis, que la décision d’exonérer les juifs tunisiens du Travail obligatoire en Tunisie, fut définitivement prise.
Je me réjouis aujourd’hui, avec le Dr. A. Nahum, de la position très honorable que la Tunisie a su prendre dans les moments tragiques de son histoire.

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