Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine

Les Mauritaniens ont accueilli avec satisfaction la nomination de cet ancien ministre, connu pour son intégrité, à la tête de la Commission électorale nationale indépendante.

Publié le 18 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Nul ne lui connaît d’attirance particulière pour les feux de la rampe. Mais ce come-back imprévu et imprévisible ne peut pas déplaire à Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine. Parti à la retraite en janvier 2005 après un long « exil » de vingt ans comme ambassadeur, ce colonel, natif de la cité historique de Tichitt il y a soixante ans, n’a pas attendu la fin de l’année pour revenir sur le devant de la scène. Le 29 novembre, il a été officiellement installé à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) chargée de superviser le processus électoral qui devra favoriser, avant le début d’avril 2007, l’avènement d’une vie démocratique normale en Mauritanie. Comment peut-il ne pas être sensible à cette ironie du sort qui fait que 2005 n’était pas, finalement, l’année de sa « retraite », mais celle de l’éclipse de l’homme qui a été, par le passé, à l’origine de sa mauvaise fortune : Maaouiya Ould Taya, écarté du pouvoir, le 3 août, à la faveur d’un coup d’État militaire ?
Mise en place au terme d’intenses discussions entre les nouvelles autorités et les partis politiques, la Ceni marque une rupture avec les pratiques du régime déchu. Elle bénéficie de l’autonomie financière et administrative. À l’instar d’Abdallah Ould Cheikh, Barro Abdoulaye et Ely Ould Allaf, plusieurs de ses membres, quinze au total, appartiennent à cette génération de grands commis de l’État connus – bien avant le coup d’État du 10 juillet 1978 qui avait mis fin au régime civil de Mokhtar Ould Daddah – pour leur sens du service public. Son président est certes un militaire. Mais un militaire qui a été, dans les années 1980, ministre de l’Intérieur puis des Affaires étrangères. Un militaire qui avait joué un rôle décisif dans la destitution de Mohamed Khouna Ould Haidalla le 12 décembre 1984 et qui n’avait pas hésité, quelques jours plus tard, à rappeler à Ould Taya, son successeur, « les vertus de la collégialité » et « les méfaits de la personnalisation du pouvoir ». Ce qui lui valut d’être immédiatement éloigné de Nouakchott.
Homme intègre, patriote fervent et « démocrate dans l’âme » selon ceux qui l’ont connu de près, le président de la Ceni a l’envergure de la tâche. Passera-t-il à la postérité pour avoir été un artisan majeur de cette passation de témoin, tant attendue par ses compatriotes, entre l’armée et les civils ?

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