Burkina Faso : l’or promet des recettes stables
Avec l’entrée en production d’un nouveau gisement mi-janvier et de quatre autres l’an prochain, l’or, premier produit d’exportation du pays, attire les opérateurs étrangers. Et mobilise l’État.
![Essakane, l’un des sites burkinabè les plus importants, dispose de réserves estimées à 120 tonnes. © Issouf Sanogo/AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/03/12/Burkina-Essakane_Issouf-Sanogo-AFP.jpg)
Essakane, l’un des sites burkinabè les plus importants, dispose de réserves estimées à 120 tonnes. © Issouf Sanogo/AFP
« Tant que l’or luit, force amis. » Au Burkina, l’afflux d’investisseurs étrangers attirés par la manne aurifère ne dément pas le proverbe anglais. Chaque jour apporte son lot de demandes de prospection. Au 31 décembre, 941 titres – permis de recherche ou d’exploitation – avaient été accordés aux différents opérateurs de la filière. Venus essentiellement du Canada (Endeavour Mining, Semafo, Iamgold…) ou du Royaume-Uni (Cluff Gold, Avocet…), ils prospectent, creusent et extraient le métal jaune par millions d’onces. Octobre 2007 a marqué le coup d’envoi de la ruée vers les gisements aurifères burkinabè, avec le développement du site de Taparko (Nord-Est), opéré par le canadien High River Gold. En juin, le site historique de Poura (Ouest) – première mine du pays, fermée en 1999 après plusieurs tentatives non rentables – a même trouvé repreneur : l’américain Newmont Ventures Ltd, qui compte y investir 522 milliards de F CFA (796 millions d’euros) en exploration et développement.
Le principe est le même à chaque fois : au sein d’un consortium, la société privée qui investit détient 90 % des parts, tandis que les 10 % restants reviennent à l’État, conformément aux dispositions du code minier de 2003, qui doit d’ailleurs être réformé dans le courant de cette année.
Et de sept !
« Avec plus de 754 milliards de F CFA en 2012, l’or conforte sa place de premier produit d’exportation », s’est félicité le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, dans sa déclaration de politique générale le 30 janvier. Sur ce chiffre d’affaires global, le minerai a rapporté 188,69 milliards de F CFA de recettes nettes rien qu’en taxes et redevances, contribuant à près de 5 % au PIB. Une augmentation de plus de 52,5 % des recettes par rapport aux 123,63 milliards de F CFA perçus en 2011, grâce aux cours records, et même si la production des six mines industrielles (Mana, Youga, Kalsaka, Taparko, Belahouro, Essakane) a légèrement fléchi, à 30,9 tonnes, contre 32,6 t en 2011.
Depuis le 17 janvier, un septième gisement est entré en production, à Sabcé (Centre-Nord). Exploité par Bissa Gold SA (coentreprise entre l’État et le russe Nordgold), son tout premier lingot pesait 14 kg. Le développement du site, engagé en 2011, a nécessité un investissement de 125 milliards de F CFA, pour des réserves estimées à 153 t.
La production, qui a reculé en 2012, devrait rebondir en 2014, ainsi que le souligne le Fonds monétaire international en janvier dans son rapport pays, à l’instar du ministre burkinabè des Mines, des Carrières et de l’Énergie, Salif Lamoussa Kaboré. Les quatre projets de Kiaka (Sud), Karma (Nord), Banfora (Sud-Ouest) et Batié (Sud-Est), développés respectivement par les canadiens Volta Resources et Riverstone Resources et les australiens Gryphon Minerals et Ampella Mining, vont en effet entrer en exploitation. Sous le soleil du Sahel, la fièvre de l’or est contagieuse.
Zinc, manganèse & co
Mi-janvier, deux jours après la mise en production du gisement aurifère de Sabcé, le ministre des Mines inaugurait celle de la mine de zinc de Perkoa, à 135 km à l’ouest de Ouagadougou. Elle est opérée par le suisse Glencore (50,1 %), l’australien Blackthorn Resources (39,9 %) et le burkinabè Nantou Mining (10 %). Son développement a nécessité un investissement de 102 milliards de F CFA (155,5 millions d’euros), pour des réserves estimées à 900 000 t (0,6 % des réserves mondiales). L’État compte par ailleurs relancer le grand projet de manganèse de Tambao (Centre-Nord), pour lequel Pan African Mineral, détenu par l’australo-roumain Frank Timis, a signé un accord de développement. Ses réserves sont estimées à 19 millions de tonnes, pour une production attendue de 2 millions de t/an. A.P.
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