RD Congo : Raymond Batanga rêve d’un Brésil africain

Spécialiste de l’huile de palme, Raymond Batanga participe à la renaissance agricole du géant d’Afrique centrale en tant que directeur opérationnel de Feronia. Pour cela, il replante à tour de bras.

Cet agronome de 61 ans travaille pour Plantations et huileries du Congo depuis 1977. DR

Cet agronome de 61 ans travaille pour Plantations et huileries du Congo depuis 1977. DR

Publié le 20 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Quand Raymond Batanga, 61 ans, parle d’huile de palme, on peut lui faire confiance. Avec trente-cinq ans de carrière au service du fleuron de l’agro-industrie congolaise, Plantations et huileries du Congo (PHC), cet agronome connaît son sujet. Créé en 1911 par William Lever, un industriel britannique fondateur du groupe qui devait donner naissance à Unilever, PHC a changé trois fois de nom et est longtemps resté la propriété conjointe de la multinationale anglo-néerlandaise et de Kinshasa.

Cliquez sur l'image.Raymond Batanga a rejoint la société en 1977. « Au début de ma carrière, Unilever investissait et améliorait nos conditions de travail, l’État aussi ; il n’y avait aucun problème », explique-t-il. Jeune ingénieur d’abord chargé d’une palmeraie de 1 500 hectares, il bénéficie de tous les avantages d’un employé d’une société américaine. Rencontres à l’international, formation continue, voyages d’études en Malaisie, au Kenya, en Grande-Bretagne… En 1993, il devient directeur des plantations et coordonne les opérations de quatre unités agro-industrielles qui représentent près de 25 000 ha de plantations et 6 000 employés.

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« Mais avec la crise politique des années 1990, Unilever a graduellement cessé d’investir et il a fallu nous débrouiller », se rappelle Raymond Batanga. Plusieurs cessions de terrains ramènent la surface cultivée gérée par PHC de plus de 50 000 ha répartis dans sept provinces à une dizaine de milliers dans trois provinces seulement (Orientale, Équateur et Kinshasa). Lorsque le canadien Feronia rachète les 74,17 % du capital détenus par Unilever en 2009, la société n’est plus que l’ombre d’elle-même.

La tâche de Raymond Batanga, désormais directeur opérationnel des activités congolaises de Feronia, est immense. Il s’agit ni plus ni moins que de rendre à ces plantations centenaires leur lustre d’antan. Raymond Batanga en est convaincu : la RD Congo a le potentiel pour devenir le Brésil africain. « Notre objectif numéro un consiste à replanter et à rajeunir les plantations de palmiers à huile », explique ce père de quatre enfants qui passe deux jours par semaine sur le terrain pour suivre les progrès de la réhabilitation.

Croisements

Feronia s’appuie sur son département de recherche qui a permis de développer des croisements de palmiers deux fois plus productifs. Cette activité passionne particulièrement ce chercheur dans l’âme. « À l’issue de mes études, j’ai hésité à m’engager dans la recherche avant d’opter pour la production. Le poste que j’occupe me permet de concilier les deux », confie-t-il.

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« Notre second objectif consiste à promouvoir des cultures vivrières comme le riz, les haricots, le sorgho ou le millet », poursuit-il. Ce qui passe par la mise en valeur des fermes abandonnées durant les années sombres. Sur un total de 10 000 ha, 2 000 ont déjà été réhabilités. Le programme d’investissement comprend aussi la construction d’une usine de séchage et de décorticage qui devrait être terminée dans l’année. Un effort soutenu par l’African Agriculture Fund, qui s’est engagé à miser 8 millions d’euros sur la société canadienne en décembre 2012.

Quant à la mauvaise qualité proverbiale des infrastructures congolaises, elle ne pose pas de problème : les usines de transformation d’huile de palme sont autosuffisantes en énergie, et le transport se fait par barges depuis les régions de culture, éloignées de Kinshasa mais proches du fleuve. « Notre succès dépend avant tout de la stabilité politique », conclut Raymond Batanga. 

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