Ellen Johnson-Sirleaf élue présidente du Liberia

Publié le 18 novembre 2007 Lecture : 3 minutes.

« Les résultats officiels, tels que confirmés par les membres de la Commission électorale nationale sont les suivants : Ellen Johnson-Sirleaf obtient 59,4 % des votes, George Weah 40,6 %. En conséquence, je déclare Madame Ellen Johnson-Sirleaf vainqueur du second tour de l’élection présidentielle. »
L’issue du scrutin semblait acquise depuis plusieurs jours déjà quand, ce 23 novembre 2005, Frances Morris Johnson, la présidente de la Commission électorale nationale (NEC), prend la parole au Pavillon du centenaire, un bâtiment réservé aux cérémonies officielles situé dans le centre de Monrovia, la capitale du Liberia. Le contexte dans lequel celle-ci prononce le verdict des urnes n’en est pas moins tendu. Alors que les militants et autres sympathisants du Parti de l’unité d’Ellen Johnson-Sirleaf attendent avec impatience la proclamation officielle de la victoire de leur candidate depuis le 8 novembre, le camp de George Weah, l’idole des jeunes et des faubourgs de la capitale, crie à la « tricherie ». Arrivé en tête au soir du premier tour, l’ex-star du football, capitaine et bienfaiteur de la sélection nationale des années durant, affirme être victime de « fraudes massives », décide de porter plainte et demande l’arrêt du dépouillement. La nouvelle court la ville, relayée par la station de radio que possède l’ancien Ballon d’or du magazine France Football. Ses partisans descendent dans la rue et affrontent les forces de l’ordre. Bilan : vingt-cinq blessés et une dizaine de véhicules saccagés.

C’est beaucoup moins grave que certains, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, le redoutaient. Le souvenir encore vivace de quatorze ans de guerre civile est suffisamment présent dans les esprits pour que la proclamation des résultats relance les hostilités. Ellen Johnson-Sirleaf peut fêter l’issue du premier scrutin présidentiel multipartite, libre et transparent du pays depuis l’intrusion des seigneurs de guerre dans la vie politique nationale, en décembre 1989. Saluée par les dirigeants du monde entier, l’élection de cette économiste austère, pur produit de la Banque mondiale et des Nations unies, est, bien sûr, exceptionnelle pour le Liberia. Elle marque en effet la fin du processus de transition commencé deux ans plus tôt, lors de la signature des accords de paix d’Accra, le 18 août 2003, et le départ en exil, au Nigeria, de Charles Taylor, aujourd’hui dans les geôles de la Cour pénale internationale de La Haye. Mais elle prend aussi, et peut-être surtout, une envergure planétaire : ainsi, la première République d’Afrique devient également le premier pays du continent à se donner une femme pour président, le lendemain exactement du jour où Angela Merkel est devenue la première Allemande à accéder au poste de chancelier Tout un symbole !

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La nouvelle locataire de Mansion House, qui aura osé défier Taylor à la présidentielle de 1997, apparaît immédiatement comme une lueur d’espoir pour le Liberia. Veuve âgée de 67 ans, volontiers comparée à une « mamie gâteau » avec ses cheveux frisés, ses petites lunettes rondes et ses boubous colorés, elle incarne aussi l’inflexibilité morale dont le pays a besoin pour se redresser. Formée à la célèbre université américaine Harvard, cadre dans plusieurs banques privées, technocrate passée notamment par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds monétaire international (FMI), ancienne ministre des Finances du président William R. Tolbert dans les années 1970 avant d’être emprisonnée sous la dictature de Samuel Doe au milieu des années 1980, elle est réputée rigoureuse et dure à la tâche. Un atout qui n’est pas pour déplaire aux bailleurs de fonds et qui ne sera pas de trop dans un Liberia où tout est à reconstruire
Ellen Johnson-Sirleaf arrive en effet à la tête d’un pays en lambeaux, où tous les chantiers font figure de priorité : la stabilisation des institutions, les routes, l’eau ainsi que l’électricité à Monrovia. Et la lutte contre le chômage, qui touche 80 % des trois millions de Libériens.

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