Annaba : et voilà pourquoi l’électorat boude

Publié le 18 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

« Moi, je ne vote que pour Bouteflika. » À Annaba, la troisième ville du pays (350 000 habitants), Samia, une jeune femme au foyer, exprime sans détour l’attitude d’une large partie de l’électorat de base. Le centre de la capitale algérienne de l’acier est animé en ce début de campagne pour le renouvellement des sièges des Assemblées populaires communales (APC) et de wilaya (APW). Cours de la Révolution, face au théâtre, de vieux Annabis en béret et lunettes de soleil considèrent sans trop de conviction les affiches électorales.
L’Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) est fortement représentée. Les candidats sont jeunes (près de 60 % ont moins de 50 ans) et presque tous universitaires ou membres de professions libérales. 18 % sont des femmes. Les têtes de liste du FLN sont un médecin (pour l’APC) et un avocat (pour l’APW). Celles du RDN un commerçant et un investisseur. Et celles du MSP, un cadre de la sidérurgie et un universitaire. Le « créneau » est à peu près le même pour les islamistes modérés d’Ennahdha : un architecte et un instituteur. Les recalés du FLN et du RND se sont rabattus sur le tout nouveau Front national algérien (FNA).
« Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia et Bouguerra Soltani [les trois dirigeants des partis de la coalition gouvernementale, NDLR] continuent de se livrer leur petite guéguerre par édiles locaux interposés, commente un observateur local. Or l’enjeu véritable, c’est la ville, la commune. Si l’électorat boude, c’est qu’il ne veut plus de la politique politicarde. »
Aucun ténor de la capitale ne s’est encore risqué ici. Est-ce parce que la ville a la réputation d’être plutôt rétive, de ne pas se laisser amadouer facilement ? Annaba a tout pour réussir : la mer, la montagne, le massif forestier de l’Edough, des infrastructures touristiques, le complexe sidérurgique d’El-Hadjar, etc. Pourtant, d’affreuses cités-dortoirs ont poussé de manière anarchique autour d’un centre historique complètement décrépit, faute d’entretien. L’exode rural, la démographie galopante et la carence des services municipaux ont profondément altéré son visage.
Le scrutin du 29 novembre décidera de l’avenir d’une commune qui dispose d’un budget primitif 2007 de 1,42 milliard de dinars algériens (14,5 millions d’euros) et reçoit chaque année plus de 5 millions d’estivants, sans compter ceux qui, en route pour la Tunisie, ne font qu’y passer. Est-elle sur la bonne voie ? Rien ne l’indique, pour le moment, tant le fossé se creuse entre les partis et la population. « Annaba a besoin d’un homme providentiel. Un Bouteflika local, quoi », suggère un vieux briscard du FLN, nostalgique mais guère enthousiaste.

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