Qui à la tête du Bénin ?

Depuis quelques semaines, divers organes de presse diffusent des informations citant mon nom dans les prises de position et les groupes de soutien qui s’organisent à l’occasion de l’élection présidentielle de mars prochain.
Il m’apparaît donc nécessaire d’apporter les précisions que voici :
1. Depuis que j’ai accepté de revenir à l’exercice de responsabilités internationales – et même si je me trouve actuellement, à 75 ans, en semi-retraite -, j’ai adopté délibérément un comportement de réserve et d’observation.

2. Par principe et par conviction, j’affirme mon espoir de voir de très nombreux Béninois s’intéresser à la chose publique, et il est heureux que plusieurs personnalités veuillent solliciter nos suffrages pour la prochaine élection présidentielle. À tous les candidats, nous devons souhaiter : bonne campagne dans la tolérance et la recherche de l’intérêt supérieur de la nation.

3. Certaines personnalités de premier plan ont bien voulu me faire l’honneur d’une visite au « Refuge du Pèlerin » à Djèrègbé. Elles ont souhaité échanger avec moi sur l’état du pays et m’ont informé de leur intention de solliciter les suffrages de nos compatriotes. À chacune de ces personnalités, j’ai réaffirmé ma très haute estime et ma disponibilité pour aider à la confection d’un programme sérieux de développement. J’ai fortement encouragé mes interlocuteurs à mener une campagne dynamique et décente, et j’ai exprimé à leur endroit tous mes voeux de réussite dans la grande épreuve qu’ils ont décidé d’affronter – en soulignant néanmoins que ce n’est pas seulement le programme qui importe, mais la détermination à l’appliquer ainsi que la capacité des équipes dirigeantes à gérer efficacement un gouvernement responsable.

4. Pour ma part, dans le secret de l’isoloir, je voterai en homme libre pour la personnalité qui apparaîtra, au regard de ma conscience, répondre assez bien aux critères suivants :
– Fidélité absolue aux principes et valeurs issus de la Conférence nationale de février 1990 et fondant le Renouveau démocratique au Bénin.
– Très bonne connaissance du pays, de ses institutions, de ses forces sociales, de son potentiel économique et de son fonctionnement administratif.
– Culture plurielle confirmée permettant à tout le Bénin de se reconnaître en son chef de l’État, qui, lui-même, par sa formation, ses oeuvres et son comportement social doit inspirer à ses compatriotes et aux partenaires étrangers profonde estime et grand respect.

– Expérience avérée pour concevoir et faire exécuter efficacement des projets de développement, notamment au bénéfice des populations les plus éprouvées avec une attention particulière à la condition des femmes.

– Capacité réelle :
– à détecter et à briser sans ménagement les funestes réseaux de corruption qui gangrènent la vie économique et sociale dans le pays ;
– à promouvoir un réarmement moral sincère pour une gouvernance responsable ;
– à construire avec les pays voisins, en priorité avec le Nigeria, un espace organisé de codéveloppement et de solidarité culturelle ;
– à mobiliser la jeunesse autour d’un projet éducatif audacieux et moderne répondant aux nécessités de progrès économique et social ;
– à privilégier fortement la création et la gestion d’entreprises et de projets générateurs d’emplois nouveaux urbains et ruraux ;
– à promouvoir et renforcer les projets de solidarité avec la diaspora africaine à travers le monde ;
– à faire du Bénin un carrefour de tolérance et de dialogue interreligieux actif, porteur de solidarité et de paix.

Telle est la contribution que je voudrais proposer pour la prochaine élection présidentielle au Bénin.

* Albert Tévoédjrè est ancien secrétaire général adjoint des Nations unies.