Changement de vitesse
Publié le 18 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.
Deux invités-surprise ont tiré à eux la couverture médiatique du Salon de l’automobile de Francfort, qui a ouvert ses portes le 12 septembre aux professionnels et le 17 au grand public. La présence de constructeurs chinois, si elle était prévisible, n’était sans doute pas attendue aussi tôt. Les modèles exposés ont eu le mérite d’afficher clairement la couleur : dans ce domaine aussi, le « plus grand atelier du monde » lance une vaste offensive sur les prix. Le 4×4 Landwind, de Jianling Motors Company (JMC), par exemple, est proposé à 17 000 euros, moitié moins cher que n’importe quel concurrent ! Après le Japon, puis la Corée du Sud, l’industrie automobile européenne se trouve à nouveau confrontée à un adversaire de taille. Le premier l’avait entraîné sur le terrain de la qualité et de l’innovation, le deuxième, et plus encore le troisième, l’obligent à revoir ses grilles de tarifs. L’avènement récent des Logan, Seicento et Fox aux catalogues de Renault, Fiat et Volkswagen, respectivement, ne signifie pas autre chose, et nous y consacrons une large part de ce dossier.
Personne, dans la profession, n’avait en revanche prédit les conséquences de la flambée du prix des carburants. Lors du Mondial de l’automobile, l’année dernière à Paris, l’envolée du cours du brut pouvait encore passer pour temporaire. Un an plus tard, à Francfort, elle s’impose dans toutes les conversations. Au point de faire souffler un vent de panique chez les constructeurs. Certains y ont bruyamment fait face, à l’instar de Ford, qui s’est empressé d’annoncer la commercialisation d’une Focus prévue pour rouler à l’éthanol. Petit problème, ce mélange d’essence et d’alcool d’origine agricole n’est guère disponible dans les stations-service de nos jours. Il se passera plusieurs années avant que les usines pour le produire ne soient construites et opérationnelles. Volkswagen, autre exemple, a évoqué une amélioration de ses ventes aux États-Unis, ce qui traduirait un déplacement du marché des grandes et gourmandes autos vers les modèles plus compacts, dont il est justement le spécialiste. Bref, personne n’avait vu la menace, et tout le monde se trouve bien démuni pour y répondre.
Pour la première fois dans l’histoire de l’automobile, l’argument prix est donc venu influencer largement le discours des constructeurs. De quoi bousculer les habitudes bien établies jusqu’alors, quand l’actualité de la rentrée était rythmée par les concept-cars, les nouveautés rutilantes et toujours plus cossues, suscitant rêves et envies chez les consommateurs que nous sommes. Francfort 2005 laissera un souvenir différent.
