Vive l’orange !

Publié le 18 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Hier, Amsterdam a vu déferler une marée noire orange, si l’on peut dire : chacun se croyait obligé de porter cette couleur pour bien montrer son soutien à l’équipe nationale qui jouait en Allemagne un match de Coupe du monde. Tout cela est plutôt bon enfant et ça ne mange pas de pain, alors pourquoi pas ?
Mais il y a un hic, et même plusieurs. Pour commencer, vous êtes bien d’accord que la couleur orange n’est pas la plus chic de toutes ? Ce n’est jamais la couleur de la mode, sauf quand la mode devient folle. Vous vous souvenez peut-être qu’il y a quatre ou cinq ans les fashion gurus, de Paris à Milan en passant par New York, nous avaient enjoint de porter du vert criard et de l’orange strident. Cette lubie leur passa vite et, aujourd’hui, on ne sait que faire des pantalons couleur brique et des chandails chlorophylle qui encombrent nos armoires.

De plus, autre hic, les Hollandais arborent cette couleur parce que la dynastie régnante s’appelle Maison d’Orange. Or cela repose sur une petite entourloupe : la vraie Maison d’Orange, du nom de la petite ville française du Sud-Est qui abrite un festival de je ne sais trop quoi, a cessé d’exister il y a plusieurs siècles. Un jour, n’ayant rien de mieux à faire, un nobliau allemand s’appropria froidement leur nom. C’est un peu comme si vous décidiez de vous appeler l’Almoravide sous prétexte que les Almoravides ont cessé d’être. Les héritiers du nobliau abusif refilèrent le titre à la dynastie qui allait par la suite s’emparer du trône des Pays-Bas. Et voilà pourquoi Van Nistelrooy virevolte dans cette horrible couleur.
Enfin, troisième hic (on finira par attraper le hoquet), beaucoup des gamins qui envahissent les rues d’Amsterdam après les matchs de l’équipe de Hollande sont des petits Marocains. Ils ont beau hurler « Orange par-dessus tout ! », ils s’appellent Mohamed comme vous et moi. Et ils apportent une touche chérifienne à l’affaire : hier soir, ils affirmaient que la lune était orange, ce qui était de bon augure.

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Et c’est là qu’on entrevoit une solution élégante à cet imbroglio : et si on décidait que le fameux orange qu’exhibent les footballeurs ne fait pas référence à la Maison disparue d’une ville française mais plutôt à l’orange, le fruit rafraîchissant qu’exporte le Maroc et qui est un peu son symbole ? Du coup, les gamins pourraient hurler « vive l’orange ! » sans faire de crise d’identité, et on pourrait oublier cette sombre histoire de légitimité dynastique. De plus, cela rapprocherait deux pays qui ont forcément un avenir commun vu le grand nombre de binationaux. Enfin, le onze hollandais pourrait faire de la pub pour les agrumes marocains et on pourrait jumeler le Hassania d’Agadir et l’Ajax d’Amsterdam. Au nom de l’orange

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