Corruption endémique

Publié le 18 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

L’effondrement de l’économie intervient à partir de novembre 1973 avec la zaïrianisation, qui a consisté à rétrocéder toutes les activités commerciales aux nationaux. Ce système n’apporte rien, si ce n’est la ruine de l’économie, chacun cherchant à s’enrichir illégalement. Les premiers intéressés furent Mobutu lui-même et les barons du régime. Les ponctions dans les caisses de l’État furent aussi une source stable et abondante d’enrichissement pour le clan : détournement des gains d’exportations de minerais (150 à 400 millions de dollars des revenus annuels d’exportations de cuivre et de cobalt, détenus par des entreprises d’État), dotation présidentielle (officiellement 15 % à 20 % du budget opérationnel de l’État), transfert illicite sur des comptes personnels à l’étranger ou dépenses mystérieuses. La fortune de Mobutu était estimée à 8 milliards de dollars en 1997 : environ les deux tiers de la dette extérieure du Zaïre, à l’époque. C’est le temps, racontera-t-il plus tard, où quand « je partais en voyage, je demandais 1 million de dollars à mon conseiller spécial, qui en demandait 2 au Premier ministre, qui en demandait 3 au ministre des Finances, qui en demandait 4 au gouverneur de la Banque centrale, qui lui-même en prenait 5 ».
La chute du régime mobutiste n’a pas entraîné de modification des pratiques. En février 2006, les autorités ont rendu public – avec huit mois de retard – le rapport Lutundula, du nom du député qui a présidé la commission d’enquête sur les contrats miniers et d’affaires signés par les rebelles et les autorités entre 1996 et 2003. Les conclusions sont édifiantes. L’exploitation des minerais par les voisins ougandais et rwandais a provoqué 5 milliards de dollars de pertes pour l’État congolais. ?Les accords passés aussi bien en zones gouvernementale que rebelles ont enrichi les hommes politiques et les chefs de guerre sans apporter de bénéfice à la population. Le rapport recommande leur abrogation ou leur renégociation ainsi qu’une action judiciaire contre un certain nombre d’acteurs de haut rang. Alors qu’ils menaient cette enquête, certains membres de la commission ?ont été menacés de mort ?- ils ont dû faire appel à la protection des Casques bleus durant leur mission sur le terrain – et se sont heurtés à des hommes politiques ?et des responsables d’entreprise ?qui refusaient de répondre à leurs questions. Malgré le soutien ?apporté par la Banque mondiale, ?la banque Belgolaise, les Nations unies et le Sénat belge ont ?refusé de communiquer certains documents.

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