Vive la littérature-monde !
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Alors que la francophonie politique s’est imposée comme une force avec laquelle il faut désormais compter, la francophonie littéraire continue de susciter méfiance et rejet. La dernière rebuffade lui a été infligée par une brochette de quarante-quatre écrivains, certains fort célèbres : de Jean-Marie Le Clézio à Tahar Ben Jelloun, en passant par Édouard Glissant, Maryse Condé, Amin Maalouf et Alain Mabanckou. Réunis autour de Michel Le Bris, le fondateur du Festival des étonnants voyageurs, les « 44 » ont proclamé, dans un manifeste qui fera sans doute date, la mort de la francophonie et l’émergence d’une littérature-monde en français. « Littérature-monde, expliquent-ils, parce que, à l’évidence multiples, diverses, sont aujourd’hui les littératures de langue française de par le monde, formant un vaste ensemble dont les ramifications enlacent plusieurs continents. »
Pour Le Bris, qui milite depuis vingt ans pour faire accepter par les institutions littéraires le fait que la langue française n’est plus la propriété de la seule France métropolitaine et que la littérature est autant l’affaire des ex-colonisés que des ex-colonisateurs, le déclic s’est produit l’année dernière, quand des auteurs venus d’ailleurs ont raflé les principales distinctions de l’édition française : Goncourt, Grand Prix de l’Académie française, Renaudot, Femina, Goncourt des lycéens Cette « révolution copernicienne » a brouillé une fois pour toutes l’idée de centre, « ce point depuis lequel était supposée rayonner une littérature franco-française ». Le centre étant désormais partout, la francophonie, qui servait à regrouper les marges, n’a plus de raison d’être.
La francophonie est morte ! Vive la littérature-monde !
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