Mauvais souvenirs

Publié le 18 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Des bonbonnes de gaz et plus de 200 kg d’explosifs… À Moulay Rachid, dans la banlieue de Casablanca, c’est sur un véritable arsenal que les policiers marocains sont tombés, le 14 mars, en perquisitionnant dans la maison discrètement louée une quinzaine de jours auparavant par Abdelfattah Raïdi, Youssef el-Khodry et leurs complices. Liés au Groupe islamique combattant marocain (GICM), les terroristes s’apprêtaient à déclencher une vague d’attentats de grande ampleur.
À la fin de l’année dernière, al-Qaïda avait annoncé la création d’un commandement unifié pour le Maghreb et promis des coups d’éclat. La Tunisie et l’Algérie ayant déjà été frappées, le Maroc était le prochain sur la liste. Sachant que quelque chose se tramait, les autorités ont joué la transparence pour inciter la population à la vigilance. Avec succès. Si le pire a été évité de justesse dans la nuit du 11 au 12 mars, c’est avant tout grâce à la présence d’esprit de Mohamed Faïz, le gérant d’un cybercafé de Sidi Moumen, le bidonville dont étaient originaires la plupart des kamikazes du 16 mai 2003.
D’après les premiers éléments de l’enquête, la cible choisie était la préfecture de police de Casa. Le 6 mars, le « chimiste » Saad Housseini (44 ans), ancien d’Afghanistan et cerveau présumé des attentats de 2003, a été arrêté à Sidi Maarouf. Il était recherché depuis cinq ans. Par la suite, une vingtaine d’autres suspects ont été interpellés. Beaucoup avaient bénéficié de mesures de grâce et de libérations anticipées. C’est notamment le cas d’Abdellatif Amrine, le « kamikaze réserviste » condamné à trente ans de prison puis libéré pour raisons humanitaires (il est atteint d’hémophilie).
Le mode opératoire et l’identité des protagonistes présentent des similitudes troublantes avec les attentats d’il y a quatre ans : un même cocktail détonant de professionnalisme, d’absence de scrupules et d’amateurisme.
Professionnalisme, dans la mesure où, parmi les djihadistes marocains figurent des terroristes de haut vol, rompus à la vie clandestine et ayant fait leurs preuves sur des théâtres d’opérations étrangers. Faut-il rappeler que le GICM est à l’origine des attentats de Madrid, en mars 2004 (191 morts) ? Qu’Abdelkrim Thami el-Mejjati, devenu chef d’al-Qaïda en Arabie saoudite, a mené la vie dure à la Garde nationale wahhabite avant d’être abattu, en juin de la même année ?
L’absence de scrupules se manifeste par le recours aux bombes humaines, procédé théoriquement imparable et psychologiquement ravageur. C’est la marque de fabrique du terrorisme marocain, contrairement au GSPC algérien, dont les opérations nécessitent un plus haut degré de coordination et de sophistication.
Amateurisme, enfin. Pour ne pas éveiller les soupçons, pour tromper la vigilance policière et parce qu’ils disposent d’un réservoir presque inépuisable de candidats au martyre, les chefs du GICM ont tendance à recruter des kamikazes à la sauvette. Pour fanatisés qu’ils soient, ceux-ci constituent une « chair à canon » peu fiable, faute d’entraînement adéquat.
Chômeur issu d’une famille pauvre et éclatée, Abdelfattah Raïdi (23 ans) est originaire du quartier de Douar Skouila, à Casa. Il est loin d’être inconnu des services de police. Déjà condamné à cinq ans de prison, il a été gracié en novembre 2006 avant de s’évanouir dans la nature, étant sans domicile fixe. Blessé au visage et au torse, Khodry, son jeune complice (18 ans), s’était quant à lui surtout signalé dans le passé par des actes relevant de la petite délinquance.

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