Le train-train, c’est fini

Les relations commerciales entre les deux pays se développent et se diversifient.

Publié le 18 mars 2007 Lecture : 3 minutes.

Dressant le bilan des relations bilatérales, le 27 février, Serge Degallaix, l’ambassadeur de France en Tunisie, a parlé de « destins liés » et de « partenariat stratégique » entre les deux pays. La France n’est-elle pas le premier client de la Tunisie et son premier fournisseur ? Sauf dans le secteur de l’énergie (où les Britanniques et les Italiens sont rois) et dans celui des privatisations, elle est aussi le premier investisseur.
Certains esprits chagrins critiquent pourtant le caractère routinier de ces relations, il est vrai, fort anciennes. Ils sont manifestement peu au fait des évolutions en cours. Ces dernières sont, pour l’essentiel, au nombre de trois.
1. La Tunisie, qui ne représente qu’un marché relativement restreint de 10 millions d’habitants, occupe désormais une place importante dans le commerce extérieur de la France. Les échanges ont même atteint en 2006 le niveau record de 6,1 milliards d’euros (+ 14 % par rapport à l’année précédente). Les exportations tunisiennes ont pour leur part progressé de près de 12 % et les importations de 16 %. La Tunisie se classe ainsi au 23e rang des partenaires de la France. Comme le relève Degallaix, elle devance même le Maroc, dont la population est trois fois supérieure.
2. Les statistiques tunisiennes (en dinars) font apparaître à partir de 2004 un léger excédent en faveur de la Tunisie de la balance commerciale entre les deux pays, après plusieurs décennies de déficit. Les statistiques françaises (en euros) situent en 2005 ce renversement de tendance en partie imputable à l’accroissement des exportations des entreprises françaises implantées en Tunisie mais travaillant pour le marché français.
3. Dans les échanges entre les deux pays, les composants électriques et électroniques sont, avec 28 % du total, en passe de battre en brèche la domination longtemps écrasante des produits textiles (32 %).
Cette diversification est le fruit des investissements directs. Et, en premier lieu, de ceux des entreprises françaises, qui ont atteint 80 millions d’euros en 2006 (+ 33 % par rapport à l’année précédente). Ces investissements sont encore relativement modestes, mais néanmoins légèrement supérieurs à la moyenne annuelle de 70 millions d’euros enregistrée depuis sept ans. Le nombre de créations d’activités ou d’extension d’entreprises existantes est quant à lui passé de 130 en 2005 à 160 en 2006. Avec un cumul de 1 150 entreprises à participation française, employant au total près de 98 000 personnes, la France est sans discussion le premier investisseur étranger en Tunisie. « Les investissements que nous avons faits dans ce pays sont porteurs de progrès technologiques et créateurs d’emplois », souligne Degallaix.
Pour leur part, les concours concessionnels (prêts à très faibles taux d’intérêt) accordés par l’Agence française de développement (AFD) ont fait un bond de 50 % (hors aide multilatérale), passant de 94 millions d’euros en 2005 à 142,3 millions l’année suivante. L’AFD souligne qu’il s’agit là d’un « niveau d’engagement annuel record depuis [leurs] premières opérations de financement en Tunisie ». En douze ans, le montant total de celles-ci a dépassé le milliard d’euros.
À en croire Degallaix, le résultat de la prochaine élection présidentielle française, en mai prochain, n’aura aucune incidence sur le niveau des échanges entre les deux pays. « Nous voulons, explique l’ambassadeur, que 2007 soit l’année de l’approfondissement [de la coopération] et d’un nouveau type d’interventions, mais aussi de la valorisation des nouveaux atouts de la Tunisie. » Depuis le début de l’année dernière, une dizaine de ministres français se sont succédé à Tunis pour tenter d’ouvrir de nouvelles pistes de coopération. Parmi les projets discutés : le renouvellement des flottes des compagnies aériennes locales, les concessions pour la construction de l’aéroport et du port d’Enfidha, le partenariat entre pôles de compétitivité et centres techniques industriels, ainsi que divers projets environnementaux. Il suffirait d’un petit effort supplémentaire pour que la coopération bilatérale entre dans un « cercle vertueux ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires