La CMDT à vendre

Première entreprise du pays, la Compagnie malienne des textiles recherche un acquéreur.

Publié le 18 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Toute la filière ne pense qu’à « ça ». Des champs de Fana aux usines d’égrenages de Sikasso, la privatisation de la Compagnie malienne des textiles (CMDT), prévue pour 2008, est dans tous les esprits. Les cotonculteurs, en particulier, aimeraient bien savoir à quelle sauce ils vont être mangés. La CMDT, qui appartient à 75 % à l’État malien et à 25 % à la société française Dagris, est la plus grosse entreprise du pays. À elle seule, elle rapporte chaque année près de 10 milliards de F CFA au Trésor public. La filière qu’elle chapeaute représente 8 % du PIB et 30 % à 40 % des recettes d’exportations. Et elle permet d’assurer un revenu à plus de 3,5 millions de personnes, soit plus du quart de la population…
Le 4 octobre 2006, le conseil des ministres a adopté le schéma de privatisation de l’entreprise. Il prévoit, dans un premier temps, l’éclatement de la CMDT en quatre filiales qui continueront à lui appartenir à 100 %. Un appel d’offres international sera ensuite organisé, à l’issue duquel 61 % du capital de chaque filiale seront cédés à un opérateur privé, le reste étant divisé entre les planteurs (20 %) et l’État (17 %). Une interprofession, une société de Bourse et un office de classement du coton verront également le jour.
En attendant, les autorités s’attachent à redorer le blason de la Compagnie, qui connaît de grosses difficultés. Cours de la fibre déprimés depuis trois ans – en décembre 2006, il était à 672 F CFA le kilo -, faiblesse du dollar par rapport à l’euro, subventions versées aux producteurs occidentaux : la CMDT est confrontée à d’importants problèmes de trésorerie. Pour la sixième année consécutive, le financement de la campagne 2006-2007 a nécessité, le 20 février, un prêt de 75 milliards de F CFA d’un groupement de quatorze banques africaines, européennes et américaines. Quant à la campagne 2007-2008 à venir, elle fait déjà l’objet d’un prêt de 27 milliards de F CFA accordé par la Banque islamique de développement pour l’achat des intrants. Depuis la campagne 2004-2005, la CMDT s’est pourtant lancée dans une nouvelle politique pour sortir de cette ornière. La société s’est tournée vers la production d’un coton de qualité. De 44 % de la production en 2005, la proportion des fameux « grades de tête » est passée à 65 % en 2006 et devrait atteindre les 75 % cette année.
Conséquence, de deuxième producteur d’Afrique en 2004, le Mali a rétrogradé en troisième position, derrière le Burkina et l’Égypte. En 2007, le pays ne devrait produire que 194 000 tonnes de fibres, en baisse de 12 % par rapport à l’année dernière.

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