Exemplaire

Publié le 18 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

« Un modèle pour les pays qui veulent instaurer des systèmes libres » Même si elle émane d’un haut fonctionnaire du département d’État américain, pour qui l’existence de relations diplomatiques avec l’État d’Israël est partie intégrante dudit modèle, cette appréciation formulée le 12 mars, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle mauritanienne, sonne indubitablement juste. Ni trucage, ni bourrage, ni magouille, ni contestation des résultats par les quelque dix-huit candidats en lice : le phénomène est unique dans le monde arabo-musulman, rarissime sur le continent africain et d’autant plus remarquable que la Mauritanie n’a connu, après quarante-cinq ans de parti unique, qu’une très courte transition de vingt mois.
Pourquoi une telle aptitude à la transparence dans un pays où, jusqu’à une date récente, le résultat d’une élection se décidait habituellement dans le bureau du chef de l’État ? Le faible nombre des électeurs (à peine plus de 1 million, soit le tiers de la population de Casablanca et le quart de celle d’Alger), leur grande politisation et la propension à l’individualisme qui les caractérise ont certes facilité l’appropriation des valeurs démocratiques par les Mauritaniens. Mais ce qui a fait toute la différence réside dans la décision collective des militaires qui ont renversé le régime Ould Taya en août 2005 de ne pas se succéder à eux-mêmes, dans leur capacité à tenir leur promesse et dans la neutralité « technique » qu’en dépit de bien des tentations (et de quelques hésitations) ils ont affichée jusqu’au 11 mars. Une attitude digne d’éloges, surtout quand on sait ce que nul n’ignore en Mauritanie : il aurait suffi au colonel Ely Ould Mohamed Vall de se présenter pour être élu.
Certes, la démocratie à la mauritanienne comporte toujours sa part d’ombre. Rôle de l’argent, poids des allégeances tribales, nomadisme politique, reports de voix aléatoires tant les partis sont parfois des coquilles vides, difficulté pour un électorat géographiquement très dispersé de s’identifier à un leader national (une caractéristique qui explique le taux de participation nettement plus faible à la présidentielle qu’aux législatives) Tout cela, à n’en pas douter, pèsera sur le second tour, le 25 mars. Mais s’agit-il vraiment d’une part d’ombre ? Ces manuvres de salons et ces complots sous la khaïma sont plutôt une version locale des stratégies politiciennes inhérentes à toute période électorale.
Avant le 11 mars 2007, suspense et présidentielle étaient deux mots antinomiques. Aujourd’hui, ils vont de pair. Nul ne s’en plaindra. Reste aux Mauritaniens à aller jusqu’au bout d’un changement de régime que des officiers éclairés ont engagé avant de leur transmettre le témoin. Si tel est vraiment leur choix, le mieux placé pour l’incarner est sans conteste Ahmed Ould Daddah, dont l’opposition aux régimes militaires qui se sont succédé depuis 1978 ne s’est jamais démentie. À condition, bien sûr, que changement ne soit pas synonyme de revanche.

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