Comment on recrute un djihadiste

Publié le 18 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

L’islamisme est multiple : celui des Frères musulmans n’a, en principe, rien à voir avec celui d’Oussama Ben Laden. Mais les frontières entre les différentes obédiences sont poreuses. Et la question cruciale qui se pose à tous les États, musulmans ou non, confrontés au terrorisme d’inspiration religieuse est le passage de l’islamisme pacifique, respectueux de la loi, à l’islamisme barbare se réclamant du salafisme et du djihad.
Au Maroc (mais le phénomène existe aussi ailleurs), on a constaté qu’avant de s’engager dans le djihad, les islamistes violents avaient souvent fréquenté des organisations pacifiques ayant pignon sur rue. Et que le recrutement des djihadistes – candidats kamikazes pour l’Irak, par exemple – se déroule presque toujours de la même manière. Et il semble bien que Abdelfattah Raïdi, le kamikaze du cybercafé de Casablanca, illustre encore cette règle.
Tout commence à la mosquée, opère une « cellule d’observation ». Celle-ci repère les fidèles assidus, qui ne manquent pas une prière, et s’intéresse en premier lieu à ceux qui appartiennent à une organisation islamiste (les solitaires ne présentent aucun intérêt). Troisième critère de sélection : les « observateurs » prêtent une attention particulière à ceux qui ne sont pas contents de leur organisation, contestent sa politique, critiquent ses chefs…
Après ce travail de repérage, la « cellule de recrutement » entre en scène. Son objectif : convaincre la « cible » – ce fidèle pieux, organisé et qui râle – qu’il s’est fourvoyé parmi les « faux musulmans » et les hypocrites et qu’il devrait emprunter le droit chemin qui conduit au djihad et, au-delà, au paradis.
Or on découvre, aussi bien à travers la recherche universitaire que les enquêtes des services de sécurité, que, de toutes les organisations islamistes, Al Adl wal Ihsane est la plus imperméable aux opérations d’infiltration et de débauchage des groupes djihadistes. Sans doute parce qu’ils ne sont admis qu’après une longue période de probation, les disciples de cheikh Yassine sont totalement réfractaires au « nomadisme » entre les différentes obédiences islamistes. Une fois pris dans les mailles de la confrérie-parti, ils ne songent jamais à aller voir ailleurs.

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