Avis aux lecteurs paresseux

Publié le 18 mars 2007 Lecture : 2 minutes.

Encore 4 896 titres publiés en France au mois de janvier. Dont un bon millier de romans de tout acabit. Les éditeurs sont en voie de battre le record de 2006 (57 728 nouveautés). Mais bien malin qui peut s’y retrouver dans les montagnes de livres atterrissant dans les librairies. Pour les professionnels, universitaires ou journalistes, incapables de suivre un tel rythme de production, c’est le cauchemar absolu.
On ne s’étonnera pas, dans ces conditions, du succès rencontré par un ouvrage au titre pour le moins provocateur : Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? (Éditions de Minuit, 164 pages, 15 euros). Pierre Bayard, professeur de lettres et psychanalyste, fait remarquer que l’on peut avoir lu méticuleusement un livre et n’en avoir qu’un souvenir très vague. Il est tout à fait possible, en revanche, de tenir une discussion autour d’un autre livre que l’on a simplement parcouru. Être cultivé, affirme l’auteur de ce canular érudit, « ce n’est pas avoir lu tel ou tel livre, c’est savoir se repérer dans leur ensemble, donc savoir qu’ils forment un ensemble et être en mesure de situer chaque élément par rapport aux autres ».
De toute façon, de nombreux guides permettent d’en savoir un minimum sur un maximum d’écrivains. Ainsi, Les 1 001 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie (Flammarion, 960 pages, 29,90 euros) propose une (large) sélection de romans publiés depuis le IXe siècle à travers le monde. Quelques lignes sur les auteurs, leur vie, leur uvre, et le tour est joué !
Et si l’on veut vraiment lire un livre ? Comment savoir s’il va vous plaire ? Dans How to Read a Novel. À User’s Guide (St. Martin’s Press, 272 pages, 9,99 £), John Sutherland suggère un test très simple : vous ouvrez l’ouvrage à la page 69, et si la lecture vous en a plu, ?vous achetez le livre ou l’empruntez à la bibliothèque. ?La méthode est, paraît-il, très efficace.
Certes les livres sont chers, mais, pour beaucoup, c’est surtout le temps qui manque. Il faut de longs loisirs pour s’attaquer, par exemple, au dernier Goncourt. ?Les Bienveillantes de Jonathan Littell (éd. Gallimard) se présente sous la forme d’un monstre de plus de 900 pages D’où, probablement, l’engouement suscité par un ouvrage d’un tout autre genre, Les Miscellanées de Mr. Schott (éditions Allia, 158 pages, 15 euros) du Britannique Ben Schott. Sorti en octobre 2005, cette sorte d’almanach fournissant une foule d’informations souvent farfelues quand elles ne sont pas sans intérêt s’est déjà vendu à près de 200 000 exemplaires. Voilà un livre qu’on ne lit pas à proprement parler, mais dans lequel on butine au gré de ses envies et de sa disponibilité. Au hasard des pages, on découvre les derniers mots d’Oscar Wilde, les marques de voiture dans les films de James Bond, les modalités de l’impôt sur les chapeaux, on apprend à nouer un sari ou à mettre en pratique la recette du bloody mary.
Certains lecteurs paresseux ou vraiment très occupés trouveront qu’il y a encore trop à lire. Ceux-là pourront se rabattre sur Cahier de gribouillages pour les adultes qui s’ennuient au bureau (éd. du Panama, 48 pages, 7,50 euros) de Claire Faÿ. Comme son titre le suggère, ce livre qui n’en est pas un ne se lit pas : on écrit et on dessine dessus. Il connaît lui aussi un très grand succès. Les temps sont vraiment durs pour les écrivains.

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