Afrique, terre d’emplois
Publié le 18 mars 2007 Lecture : 2 minutes.
En pleine campagne présidentielle française, le patron d’Axa France est parti à la rencontre de ses salariés pour leur présenter les objectifs du plan stratégique nommé « Ambition 2012 ». Lors de son annonce, en septembre dernier, le volet social du programme – 3 000 emplois supprimés en France et 1 500 emplois créés au Maroc – avait suscité une véritable levée de boucliers. La délocalisation, déjà difficile à admettre de la part d’une société prise à la gorge par la concurrence asiatique, était cette fois pratiquée par une entreprise florissante. « Il ne s’agit pas de délocaliser des emplois, mais d’en créer de nouveaux pour accompagner notre développement », plaide aujourd’hui François Pierson, dont le groupe d’assurance vise un doublement du chiffre d’affaires et un triplement du bénéfice à l’horizon 2012.
Avec un raisonnement similaire, BNP Paribas prévoit d’installer à Casablanca un centre de maintenance informatique employant quatre cents personnes. La nouvelle, communiquée fin février par le ministère marocain de l’Industrie, a été relayée par la presse économique française dans la plus grande indifférence. Il est vrai que l’emploi en France n’est pas menacé dans ce cas précis. Mais allons plus loin : l’image des délocalisations, au nom desquelles bien des chiffons rouges ont été agités par le passé, ne serait-elle pas en train de changer ?
Un assureur et un banquier implantent des filiales dans un pays du Maghreb au nom de leur propre stratégie de croissance. François Bayrou, candidat dont le discours rencontre de plus en plus d’écho, veut « garantir aux Africains qu’ils peuvent vivre convenablement en Afrique de leur travail ». Et Nicolas Sarkozy envisage de marier le distributeur de gaz français GDF à la société algérienne Sonatrach, un de ses fournisseurs (en l’occurrence le premier groupe du continent et le 118e mondial). C’est à se demander si les décideurs français ne seraient pas en train de découvrir qu’il y a des entreprises et des salariés en Afrique, et pas seulement des conflits et des matières premières. Si les événements ne démentent pas cette analyse d’ici au second tour de la présidentielle française, ce mois de mars sera à marquer d’une pierre blanche.
