Pendant ce temps à Ouaga

Publié le 18 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Blaise Compaoré, le chef de l’État burkinabè, n’a pas fait le déplacement de Cannes pour rien. Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), il a été chaudement félicité par ses pairs pour son rôle de médiateur dans le conflit ivoirien. Depuis le 5 février, il accueille à Ouagadougou le « dialogue direct » ouvert entre l’ex-rébellion des Forces nouvelles, de Guillaume Soro, et le camp du président Laurent Gbagbo. Et il ne serait, dit-on, pas loin d’aboutir
Cette idée de dialogue direct vient de Gbagbo, qui l’a longtemps caressée avant de la formuler clairement, le 19 décembre 2006. Le président ivoirien a réussi à convaincre Compaoré de son intérêt, d’abord par le biais de Désiré Tagro, son conseiller et porte-parole, puis en en parlant directement avec lui, en marge des sommets de la Cedeao (Ouaga, 17 janvier) et du Cen-Sad, à Syrte, quelques jours plus tard. Résultat : les négociateurs des ex-belligérants ont été reçus, ensemble, par Compaoré, avant de se retrouver dans le même hôtel de la capitale burkinabè.
Djibrill Bassolé, le ministre burkinabè de la Sécurité (secondé par Vincent Zakané, le conseiller juridique de Compaoré), joue le rôle de facilitateur du dialogue. Début février, il s’était rendu à Bouaké en compagnie de Tagro pour rencontrer Soro et ses camarades. De retour à Ouaga, il a pris ses quartiers dans un bureau au 10e étage de l’hôtel déjà cité, où il a reçu à tour de rôle chacun des protagonistes et étudié le mémorandum qu’ils ont établi sur les différents points en suspens : identification des populations, processus de Désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR), processus électoral, refonte de l’armée, état-major intégré À charge pour lui d’obtenir de chaque partie qu’elle apporte ses observations, réserves ou amendements Et de rédiger les avant-projets d’accord, ce qui est d’ores et déjà fait.
Les deux parties ont en main une première mouture. Les quelques obstacles qui ont surgi ont été abordés par Compaoré, qui a reçu par deux fois Soro avant de rejoindre Cannes. Telle est la méthode Compaoré, qui a déjà fait la preuve de son efficacité dans le dialogue intertogolais. On sait que, dans ce pays, il a réussi à convaincre les adversaires politiques de mettre en place un gouvernement de large union et de conclure un accord sur les modalités d’organisation des législatives du mois de juin prochain. Aujourd’hui, il espère bien parvenir au même résultat dans le dossier ivoirien en obtenant le paraphe de Soro et celui de Gbagbo au bas d’un document. C’est ce qu’attendent le Tchadien Abou Moussa, représentant spécial intérimaire de l’ONU en Côte d’Ivoire, et le Suisse Gérard Stoudman, haut représentant pour les élections, qui viennent d’être reçus conjointement par Compaoré. Comme le dit Stoudman, les discussions de Ouaga sont « une manivelle pour mettre en marche le moteur dont on a perdu la clef de contact ».

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